Quelques rayons de soleil ... [PV LouLou]

Le bal s'était conclu en beauté la nuit dernière. Les courtisans s'étaient enivrer de danses et de vin, dans des proportions disparates selon les goûts de chacun. Gabrielle avait préféré la sagesse, non pas qu'elle ait renoncé au vin, non tout de même ! Elle s'était contentée de quelques verres pour pouvoir occuper davantage la salle de danse et virvolter sur des chefs d'oeuvre de Lully. Néanmoins, le réveil n'avait pas été des plus faciles ! Fort heureusement, le château était encore endormi ou du moins, tous s'en étaient retournés dans leurs appartements après le cérémonial du matin.

Gabrielle s'était gentiment préparée. Elle choisit une robe bleu clair, joliment agrémentée de quelques dentelles et perles et réhaussée par un simple mais élégant collier de pierres bleues et vertes. Ses cheveux bouclées étaient relevées sans grands artifices pour livrer un visage assez poudré pour dissimuler les traces de fatigue. Après cette préparation, elle prit son thé en regardant le parc, bercé dans la lumière des premiers rayons de soleil. Il était vide et calme. N'ayant pas envie de rester enfermée, elle sortit s'y promener.

Les allées étaient désertes. Elle n'avait croiser que quelques courtisans dans l'entrée du château. De loin, elle aperçut son frère et vit Colbert marcher à vive allure dans les couloirs. Un sourire se dessina sur son visage et elle secoua la tête. *Quelle forme M. le Ministre !*

Soudain, un banc se présenta devant elle. Ma foi, elle avait le temps durant cette journée à peine commencée. Elle s'assit alors et se laissa bercer par le chant des oiseaux. Son esprit divaguait tandis que son regard se perdit aux alentours ...

* Louis se leva trè tôt ce jour-là, comme à son habitude d'ailleurs. Il aimait profiter du chateau quand tout le monde dormait encore. Il savait très bien que tous les Courtisans dormaient pour récupérer de la fête de la veille. Il décida de se rendre dans les Jardins tout en repensant au Bal. Tout avait été magnifique et tout s'était très bien passé. Louis avait pu se détendre comme il se devait. Il sourit en repensant à la tête de ce cher Colbert qui malgré la présence de sa femme et la très bonne ambiance qui reignait, avait eu et aurait toujours un peu de mal à s'amuser.
Il vit de loin une jeune femme assise sur un banc. Il s'avança et reconnut la soeur aînée de sa Favorite Madame de Montespan, Madame de Thianges. Il s'avança vers elle , elle avait l'air perdu dans ses pensées. Il décida d'aller lui parler, il n'avait jamais eu l'occasion de parler avec elle seul à seule. Elle ne le vit même pas arriver. Il se posta devant elle. L'idée de faire une petite promenade dans les Jardins avec elle lui plaisait assez. *

- Bonjour Madame, vous êtes bien matinale.

*Il lui sourit. Elle était aussi jolie que Madame de Montespan. Il en allait de soit que tout ceci était de famille. Louis appréciait la compagnie des Mortemart, ils étaient tous très intelligent et ça, Louis n'y était pas indifférent *s

HJ : désolée pour le post un peu court Crying or Very sad

Gabrielle, perdue dans ses pensées, n’entendit pas le Roy venir vers elle. Quelle ne fut pas sa surprise quand le monarque se posta devant elle et la salua si aimablement ! Non pas que Louis XIV soit quelqu’un de méchant mais il était assez rare de le voir si sympathique tant il inspirait respect et admiration. Même si sa sœur était sa favorite, que le Roy s’adresse à elle était un privilège. Le privilège était encore plus important car elle le rencontrait en privé, soit en dehors des fastes et de l’étiquette de la Cour. Ainsi, l’aînée des Mortemart fût grandement étonnée et tâcha de se reprendre rapidement pour répondre à Sa Majesté. Elle se leva légèrement du banc de sorte à pouvoir esquisser une révérence et répondit gentiment au grand amour de sa cadette :

-Bonjour Votre Majesté !

Se relevant, elle ajouta comme pour s’excuser de sa réaction tardive :

-Pardonnez-moi Sire, je ne vous ai point entendu venir. Je contemplais votre beau jardin. Il est si apaisant en cette matinée … libérée de tous les courtisans.

Elle esquissa un léger sourire au Roy tentant d’être la plus agréable qu’il soit. Elle devait faire honneur à sa sœur, qui se donnait tant de mal pour lui plaire et au fameux esprit des Mortemart. Peut-être aurait-elle l’occasion durant leur discussion de lui toucher quelques mots sur l’attitude de Colbert, en y mettant quelques formes de sorte que Sa Majesté ne soit pas en colère et Colbert lourdement réprimandé. Biensûr, elle ne manquerait pas de faire les louanges de sa sœur et du bal de la veille !

Hj: sois pas trop méchante avec Colbert, il a dit qu'il financerait ma robe d'or pour se faire pardonner mdr

- Allons ce n'est rien Madame. Je suis content de vous voir. Vous pourrez ainsi me donner votre avis sur la soirée de hier. Comment avez vous trouvez le Bal ?

* Ce n'est rien ? I avait perdu la tête là ? Ne pas voir le Roy de France arriver été absolument inacceptable ! Mais Louis était dans de très bonnes conditions ce matin à, mieux vallait en profiter d'avantage. Les Jardins étaient en effet desert et très reposant mais Louis ne les trouvaient pas plus beau que ceux de Versailles. Oh certes, il aimait ses jardins et avait plein de souvenirs qu'il pourrait passer des heures à raconter si on lui posait la question. Il proposa son bras à Gabrielle. C'était plus qu'un honneur que de se promener à son bras. Louis ne faisait pas ça avec tout le monde.*

- Venez faisons quelques pas.

* Il était content d'être tomber sur elle. Il pourrait ainsi savoir si Madame de Montespan avait piqué quelques crises de jalousies. Car pendant la danse d'ouverture, Louis ne s'était pas gêné du tout. Il avait regarder d'autres femmes en faisant quand même attention à ce que Madame de Montespan ne le voit pas.*

- Vous pouvez aussi me dire ce qui ne vous a pas plus.

* Il savait que Gabrielle aurait éviter de le faire sacahant que Louis avait horreur d'entendre certaines choses. Mais il le lui demandait. Il marchait lentement tout en profitant du beau temps et du chant des oiseaux.*

Gabrielle était encore et toujours surprise. *Le Roy est de bien belle humeur ce matin, quel honneur ! pensa-t-elle*

-Je vous remercie Sire de votre indulgence, dit-elle en esquissant une nouvelle révérence.

-Le contentement est partagé votre Majesté, c’est toujours un plaisir de vous rencontrer et d’échanger avec un esprit aussi vif que le vôtre.

*Hum, il ne faut pas trop en faire Gabrielle, le Roy n’apprécierait pas trop de flatteries de ta part* Puis, la courtisane, car d’aussi noble famille soit-elle issue elle n’avait pas de charge précise à la Cour, prit délicatement le bras du Roy.

-Sire, c’est un honneur de faire quelques pas à vos côtés, lui glissa-t-elle dans un sourire.

La marquise, pourtant d’habitude confiante en elle et calme, était quelque peu gênée. Le Roy l’impressionnait fortement. Elle était flattée qu’il lui demande son avis, tant positif que négatif sur la soirée. Elle s’enquérait donc de cette tâche avec grand soin.

-Votre bal était très réussi votre Majesté et votre entrée a incontestablement ébloui toute l’audience ! Votre bon goût vous a assuré un nouveau succès auprès de la Cour .*et particulièrement des jeunes femmes !*. Même Colbert a esquissé quelques pas de danse sans être trop mécontent quant au coût de la soirée … Dieu sait à quel point votre Ministre peut être pointilleux lorsqu’il s’agit des finances de l’Etat … Personnellement, cette soirée était particulièrement réussie. Ma chère sœur Athénaïs était rayonnante à votre bras et mon frère est apparu en pleine santé et de fort bonne humeur ! Que demander de plus ?.

*Dire ce qui ne m’a pas plu. Autant lui parler des contrariétés de ma cadette, il doit s’y attendre de toute façon* Avec délicatesse, la sœur protectrice entama la discussion à ce sujet …

-Eh bien, rien ne m’a déplu dans cette soirée … concernant le bal. En revanche, Athénaïs semblait très soucieuse en attendant votre arrivée … Elle n’a d’ailleurs manqué aucun de vos faits et gestes et particulièrement de vos regards envers les courtisans …

Gabrielle tentait d’introduire subtilement qu’elle et sa sœur avaient remarqué ses œillades durant la soirée et qu’elles ne s’en réjouissaient pas, bien au contraire …

* Louis écoutait avec attention tout ce que lui disait Gabrielle. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elle avait adoré la soirée. En même temps,il aurait vraiment fallu être difficil pour ne pas aimer une fête organiser par Monsieur Le Frère du Roy. La salle avait été magnifiquement décorée, la musique absolument parfaite, les plats délicieux et le vin excellent. Louis bombait fièrement le torse heureux de ces bonnes nouvelles. Mais son sourire ne dura pas. Madame de Montespan avait été contrariée sur le fait qu'il n'était pas arrivé tout de suite. Mais il n'avait pas à se justifier. Il était Le Roy après tout. *

- Madame de Montespan se fait beaucoup trop d'idées. Vous saurez qu'un Roy n'est jamais en retard mais toujours à l'heure. Je n'ai pas à me justifier de mes faits et gestes. Je suis venu et c'est l'essentielle. Je suis heureux de savoir que tout à été à votre gout.

* Il la garda à son bras se disant quand même que derrière tout ça il devait y avoir autre chose qu'elle ne voulait pas lui dire. Il avait bien l'intention de reussir à poser les bonnes questions pour lui tirer les vers du nez. *

Gabrielle se doutait bien qu'elle s'était risquée sur un sujet plutôt glissant. Après tout, elle était la mieux placée pour savoir ce que pensait et ressentait Athénaïs. Toute la Cour connaissait la complicité des deux soeurs et savait qu'elle était de toutes les confidences. Le Roy non plus n'avait pas omis ces faits. Sous couvert de ses agréables paroles, Sa Majesté cherchait à apprendre quelque chose sur sa soeur. Or, la grande soeur protectrice ne savait trop quoi lui révéler ... sans s'en attirer les foudres ni les diriger vers sa cadette ! Afin de plaire au Roy, elle lui répondit avec empressement et sur un ton vif, comme pour rattraper sa maladresse :

-Oui, Sire, je vous l'accorde. Athénaïs se fait énormément d'idées et se laisse parfois trop guider par ses sentiments au lieu de regarder objectivement la réalité.Pourtant, elle ne souhaite que vous plaire.

S'arrêtant durant leur balade, elle regarde le Roy :

-Ne vous méprenez Monsieur, je ne vous demandais aucune justification. Je ne suis qu'une courtisane parmi d'autres, même si je suis la soeur de votre favorite, ajouta-t-elle dans un léger sourire.

-Vous m'en voyez fort aise votre Majesté, c'est un vrai plaisir que de revenir à Saint Germain !

Gabrielle ne poursuivit pas, elle attendit que le Roy lui pose les questions auxquelles il sohaitait avoir des réponses pour ne pas commettre d'impair.

* Louis savait que au fond elle avait raison et que les excès qu'il faisait avec les Courtisanes rendaient sa Favorite complètement folle. Mais pour lui son comportement était tout ce qu'il y avait de plus normal. Cette conversation sentait quand même le roussi. Cela implquait qu'Athénaïs allait très certainement lui faire part de son mécontentement et qu'un dispute éclaterait très certainement par la suite. Quelques vases seraient probablement brisés et quelques larmes seraient versées. Mais Louis préférait ne pas y penser pour le moment. Il profitait de la promenade et de la compagnie de Gabrielle. Il décida de changer de sujet.*

- Je pense orgasniser des jeux très prochainement ainsi que diverses représentations des pièces de ce cher Molière. Serez vous de la partie ?

* Louis savait que Colbert allait encore faire un malaise dans le sens figuré du therme bien sûr mais Louis avait besoin de se détendre et il comptait bien faire en sorte qu'il ne dise rien. Le Roy exigeait, on executait. Mais Colbert ne l'entendait pas de cette oreille ou alors très rarement. Louis était très joueur et il aimait le divertissement plus que tout au monde. De plus il en avait bien besoin car cette affaire des Poisons n'avançait pas et même si Louis ne le montrait pas, il était relativement inquiet. Qui serait le prochain ou la prochaine ?*

Le Roy changeait de sujet. Il devait avoir bien saisi le message et ne souhaitait pas développer plus *Soit, cela ne doit pas lui plaire ! Il doit maintenant s’attendre à une dispute avec Athénaïs et préfère ne pas y penser, compréhensible …* De plus, cela ne concernait pas Gabrielle. Certes, elle aurait un récit détaillé de la dispute entre sa sœur et son amour mais elle n’avait pas à s’immiscer entre eux. Elle poursuivit donc sa promenade en compagnie du Roy.

-Oh Majesté, quelle bonne idée ! Cela divertira sans nul doute toute la Cour … qui en a bien besoin ces temps-ci …

Elle laissa passer un silence puis répondit à l’invitation du Roy :

-Biensûr Sire, je ne manque que très rarement les festivités que vous organisez ! Je ne figurerai pas parmi les joueurs, je suis tellement mauvaise joueuse … et mauvaise perdante, commenta-t-elle en riant. En revanche, je ne manquerai aucune des pièces de Molière ! J’apprécie beaucoup son travail. Il est indispensable aux plaisirs de la Cour et sait comment nous divertir et vous plaire Majesté ! Lors d’un après-midi tourmenté, nous avons assisté aux répétitions d’une des ses dernières pièces, Athénaïs et moi-même, nous étions enchanté avant que tout ne soit fini !

Puis, elle s’adressa particulièrement au Roy, qui était aussi un grand amateur d’Art :

-Donnerez-vous un ballet prochainement votre Majesté ? Nous gardons tous un fameux souvenir de votre ballet des planètes …

Les bruits de pas dans les graviers d’un courtisan pressé rompirent le silence qui régnait encore dans les jardins. Le dérangement ne fut que de courte durée car celui-ci entra dans le château.

Cela divertira sans nul doute toute la Cour … qui en a bien besoin ces temps-ci …
Cette phrase résonnait dans la tête de Louis comme une mauvaise note de musique qui l'aurait dérangé pendant un concert. Vous savez, ce genre de note qui est beaucoup trop aigüe au point de vous faire faire une mauvaise grimace . Louis avait eut cette impression. Cette Affaire des Poisons devenait une véritable obsession. Même s'il organisait les fêtes les plus belles, les divertissements les plus somptueux, personne n'allait oublier tout ce qui s'était passé jusque là. Louis aurait bien aimé que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve, mais pour une raison qu'il ignorait totalement, Dieu le mettait à l'épreuve. Dieu... Le seul capable de pouvoir lui dicter sa conduite. Le seul à qui il obéissait plus ou moins. Oui, plus ou moins car sa relation, ou devrait on plutôt dire ses relations extra conjugales étaient toujours d'actualité. Le silence dura quelques minutes qui semblèrent durer une éternité, puis Gabrielle le brisa. Mais Louis n'avait pas envie de répondre ce qu'elle venait de lui dire à propos de la Cour.*

- Oh je suis certain que vus serez présente, et puis vous savez ce que l'on dit 'important et de participer et j'espère que vous accepterez l'invitation à ma table.

* Être invité à la table du Roy était plus qu'un honneur, il s'agissait là d'un privilège . Louis n'y mettait généralement que son entourage ainsi que les personnes qu'il considérait comme proche . Autant dire que peu de monde s'y attardait. Mais sa Favorite était toujours de la partie, et il coulait de source que Louis ne mettrait pas la sœur aînée de cette dernière dans une table à part. *

- Il est vrai que Monsieur Molière est plus que doué dans son domaine. Il trouve toujours les mots pour nous faire rire et ce même si nous n'avons pas forcément la tête à ça.

* Organiser un Bal ? Là, cette cherche Gabrielle avait, sans le vouloir, tiré une corde sensible. Louis avait eu, il n'y a pas si longtemps, un accident en dansant . Il s'était même fait plutôt mal à la cheville ayant eu une déchirure qui l'avait immobilisé pendant quelque temps. Depuis ce jour-là, et malgré le fait que ce cher Lully avait essayé de le convaincre, Louis n'avait pas retenté le diable. *

- Je dois bien avouer que dans toutes les divertissements que j'ai prévu, le Bal n'en fait malheureusement pas partie.

Gabrielle ne se doutait pas que cette remarque, glissée sans plus d’importance dans son propos, avait fortement déplu au Roy au point de provoquer son courroux si elle insistait trop (fortement). La balade avec le Roy était un privilège et elle entendait en profiter et lui plaire. Le monarque tenait certes sa famille en estime mais l’étiquette ne s’effaçait pas pour autant ! Aussi, répondit-elle avec beaucoup d’entrain à sa Majesté :

-Bien entendu, Sire. Comment vous refusez cette invitation ? C’est un honneur que vous m’accordez et je vous en remercie infiniment, fit-elle dans une révérence.

-Vous serez l’observateur de ma grandiose défaite, particulièrement si Monsieur de Lauzun l’orchestre ! Sa présence pimente assez les salons, ajouta-t-elle en riant. Versailles ne perd rien de sa superbe ! Le quitter pour vivre une retraite paisible sur mes terres serait un déchirement … Elle s’aperçût du pessimisme de sa remarque et reprit aussitôt avec son entrain naturel :

-Pardonnez-moi votre Majesté, l’idée d’être grand-mère me crée un léger choc ! Molière pourrait bien railler cette remarque ! Il est un des rayons du Soleil de Versailles. *Le Soleil était le Roy et tous les meilleurs talents l’entouraient pour faire de son règne, un règne historique*.

-Oh, Colbert doit être soulagé ! s’exclama-t-elle. Pourtant, vous excellez dans les bals Sire ! Mais, ne voyez-là aucune exigence de ma part, ce serait fort déplacé.

Le soleil se levait dans le ciel et le château s’animait petit à petit…

* Louis avait hâte que cette soirée ait lieu à Saint-Germain. Il avait vraiment besoin de se détendre , surtout en ce moment. On ne pouvait pas dire que les Affaires allaient très bien. Il avait eu un entretien assez tendu avec Colbert. Autant dire que lorsque ce dernier allez apprendre que Louis avait l'intention de faire une soirée entière consacrée aux jeux, il allait s'étouffer en moins de deux minutes. Mais lorsque Le Roy décidait, on obéissait. Louis sourit à Gabrielle. Il était heureux de l'avoir à sa table. Elle était de très bonne compagnie.*

- Je suis très heureux de savoir que vous acceptez mon invitation ma chère.

* Il lui fit un joli sourire et continua de marcher avec elle. *

- Allons ne soyez pas si négative. Je suis certain que vous allez plumez presque tous les hommes qui seront à ma table.

* Il n'allait quand même pas dire: tous les hommes, cela aurait insinué qu'il se ferait battre aussi. Déjà que l'idée de battre le Roy était impensable, alors battu par une femme !*

- Oui il est vrai que Molière ne se serait sans doute pas gêner. Je conçois cependant, que l'idée d'être grand mère, soit effrayante. Mais vous êtes jeune , vous n'avez donc pas de quoi être choquée. Ce sera sans doute une très belle étape de votre vie que vous aurez la chance de partager avec votre mari.

* Il est vrai que Louis aimerait bien pouvoir passer du temps avec ses petits enfants, si il en aura et si il pourrait vivre assez longtemps pour les connaitre, mais une chose très importante lui manquerait très certainement, du temps. Et oui, lorsque l'on règne, tout notre temps est prit car il y a milles voir même dix milles choses à faire. Il rit à la phrase d'Angélique.*

- Il est vrai que Colbert est soulagé mais ce n'est que temporaire, je ne lui ai pas encore annoncer le déroulement exact de la soirée.

La compagnie du Roy était des plus agréables tant son humeur était vive. Gabrielle ne put s’empêcher de rire à la remarque de Louis. Elle, amener la bonne fortune ? Quelle belle plaisanterie ! S’il y a bien un domaine où elle n’excellait pas, c’était celui-ci. La mauvaise fortune la poursuivait ! Aussi s’abstenait-elle le plus possible de miser, et a fortiori jouer, pour ne pas avoir à se défaire de ses bijoux.

-Si tel est votre bon plaisir, je plumerai volontiers les joueurs autour de votre table ! Mais je crois que vous sortirez vainqueur de cette partie de cartes … avec ou sans les tricheries de ce Lauzun ! Il a plus d’un tour dans sa manche … lui glissa-t-elle avec amusement.

Lauzun était un tricheur, comme beaucoup de courtisans. Autant les sommes misées par le Roy et Athénaïs étaient prélevées sur la cassette royale, autant les courtisans misaient sur leur fortune personnelle ... d’où l’importance de gagner ! Même un simple concours de rimes poétiques dans les salons suscitait des tricheries. Ces dames cachaient des vers tout prêts dans les pans de leurs éventails tandis que ces messieurs dissimulaient des morceaux de papier dans les dentelles de leurs manches.

-Merci Sire, vous êtes flatteur … Néanmoins, ma jeunesse est bien loin et le premier jour de mon arrivée à Versailles également ! Et quelle arrivée se fût !

Elle secoua la tête en revoyant la scène de son arrivée. Perdue dans le dédale des couloirs, la jeune marquise s’était trompée d’appartement et avait dérangé un fort charmant jeune homme, ce même jeune homme qui devint son mari quelques mois plus tard. Serait-elle romantique ? Oh que oui ! Malgré leurs incartades, Gabrielle et son mari étaient complices et celui-ci montrait toujours des signes de tendresse et d’affection envers sa femme. Elle se risqua à l’évocation de quelques souvenirs avec le Roy, non sans quelque humour :

-Vous souvenez-vous à quel point j’étais empotée auprès de Mme votre mère ? On ne peut dire que mes premiers pas à la Cour furent brillants !! Ces années sont passées si vite … emplies de bien plus de bonheur que de malheur !

La nostalgie soufflait une nouvelle fois dans les propos de Gabrielle mais elle n’exprimait aucun regret, juste la douce image des souvenirs des débuts du règne du Roy, de l’arrivée à Versailles, son faste, ses fêtes, les aventures …

-Vous avez entièrement raison Majesté, vos paroles sont bien sages. C’est une fierté de voir ses enfants grandir, être heureux ! La famille s’agrandit … Au risque d’être inconvenante, je vous souhaite ce bonheur Majesté, de courir dans les jardins de Versailles en compagnie de vos petits enfants !

Gabrielle regarda le Roy avec une extrême douceur, la mère qu’elle demeurait connaissait ce bonheur et savait qu’il ne pouvait en avoir de plus grand.

-Colbert l’ignore encore ? Missionnez Van Haack, il devra voler à son secours !

- Il est vrai que ce cher Lauzun ne manque pas une occasion de se faire remarquer. Ne vous sous estimez pas ma chère, je suis certain que vous aussi, vous avez plus d'un tour dans votre sac.

* Il lui sourit. Ils continuèrent de marcher encore un peu mais la cheville de Louis commençait à le faire souffrir. Il se trouve qu'il a chuté en dansant et que sa cheville en a prit un coup. Il ne préféra pas insister et se dit qu'une petite pause serait la bienvenue. Il s'assit et invita Gabrielle à en faire autant.*

- Votre jeunesse ? Je vous ferais remarquer que nous avons juste 4 ans de différence. Attention, je vais finir par croire que moi aussi je suis vieux si vous continuez à le dire.

* Il rit. il ne l'avait pas dit méchamment. Il ne comprenait pas du tout pour qu'elle raison est ce qu'elle disait cela. Lui en tout cas, ne la trouvait pas vieille du tout.*

- Oui je me souviens de vos début à la Cour, et je trouve que vous avez quand même bien fait de vous imposer certaines fois. Il est vrai que ma feu Mère était assez sévère et intransigeante parfois. Je suis relativement bien placé pour vous en parler.

* Il est vrai que Louis avait quand même passé des moments difficiles avec sa Mère. Elle ne laissait passer aucune erreur. Elle était sévère mais juste quand même. Voulant faire de son fils un très bon Souverain.*

[b]- Il est vrai que passer du temps avec ses enfants et une chose extraordinaire . Ce sont des moments unique. Mais je ne peux malheureusement le faire très souvent. Il se trouve que la plupart de mes obligations m'en empêchent. Ne vous en faîtes pas pour Colbert, il va survivre à cette nouvelle[/b].

*Il est vrai que Louis souffrait quand même de cette situation. Il voyait ses enfants illégitimes vraiment très rarement. Mais quand il pouvait les voir, il en profitait le plus possible. Il leur racontait des histoires et leur chantait des chansons. Il se montrait sous un autre jour que peux de personne connaissait.*

Sur un air malicieux, elle répondit au Roy à sa remarque :

-Ne suis-je pas une Mortemart après tout ?

Jouant la comédie, elle déplia son éventail afin d’accentuer le regard espiègle et pétillant de l’enfant qui vivait encore en elle. Puis, elle s’assit aux côtés du Roy et rit gentiment :

-Loin de moi cette pensée Majesté ! Nous avons seulement 4 ans de différence ? Je l’avais oublié. Sans vouloir vous offenser, nos vingt ans sont derrière nous !! Mais comme le dit si bien Mme de Sévigné, tout est dans l’esprit ! Et sur ce point, nous sommes très jeunes ! Il est important de garder un peu de fantaisie et une âme d’enfant sinon ce monde serait bien trop invivable … Qu’en pensez-vous ? Vos responsabilités ne doivent vous laisser que guère de temps pour penser fantaisie et distractions …

Gabrielle s’aperçut de la familiarité de la discussion. Certes, leurs familles se côtoyaient depuis longtemps, Athénaïs était sa favorite mais cela ne l’autorisait pas pour autant à question le Roy sur son jardin secret et ses ressentis intimes. Une légère rougeur apparut alors sur ses joues.

-Oh … Excusez-moi Sire, je suis bien trop curieuse et indélicate …

Son éventail était depuis refermé et elle le triturait légèrement, laissant ainsi filtrer sa gène. Bien évidemment, elle ne put qu’acquiescer lorsque Louis évoqua la sévérité de sa mère. Cependant, sa sévérité était justifié par tous les complots. La régence d’Anne d’Autriche fut tout de même fortement marqué par La Fronde, le Roy ayant du fuir Paris déguiser en fille …

-Mais, elle fit cela par amour pour vous et par désir de vous voir devenir un grand Roy de France, ajouta-t-elle avec un doux sourire. Il n’a pas du lui être facile d’élever et e protéger son dauphin dans ce milieu masculin et comploteur. Et aujourd’hui, vous êtes un grand Roy.

A ce que disait le Roy, la marquise comprit la douleur cachée du Roy. D’après ce que lui contait Athénais, Louis se montrait père aimant et disponible avec ses enfants. Bien qu’illégitimes, il leur accordait autant d’attention qu’à des enfants légitimes. Malheureusement, ces enfants étaient élevés dans le plus grand secret par les soins de Mme Scarron. Ce secret était connu mais personne n’ayant de preuve ou l’occasion de constater quoique ce soit, il n’y avait rien d’autre à dire.

-Je ne doute pas que vous comme eux sachiez profiter de ces rares moments ! Mes neveux et nièces seront fiers de vous avoir pour parent malgré vos fréquents éloignements.

* Louis vit bien là l’esprit de la famille Mortemart. Il revoyait là les gestes de Madame de Montespan. Cette famille était vraiment exceptionnel. Il vous vouait une amitié sans limite et se vouait corps et âme à votre personne. *

- Si et vous ne pourrez en aucun cas le nier.

* Lui dit il en riant à son tour.*

- Ne vous en faîtes pas. Il se trouve que j ai la chance que votre frère me sorte un peu de mes obligations et me change les idées. Il est très espiègle et à garder cet esprit de jeunesse. Mais Madame de Sevigné à parfaitement raison. Les apparences sont parfois plus que trompeuses. Et elles ne veulent rien dire la plupart du temps. Regardez nous. Nous avons en effet de l’énergie à revendre et pas qu’un peu d’ailleurs.

* Pour lui, elle n’avait pas été indiscrète. Il est vrai qu’il aurait pu mal le prendre si il avait eu cette conversation avec une autre personne que Gabrielle. Pour lui, les Mortemart étaient des personnes très proche. Il considérait Vivonne comme son frère et adorait la compagnie de Gabrielle*

- Ne vous excusez pas voyons. Si je vous avez trouvée indiscrète, je vous l’aurez dit.

* Elle lui parla de sa Mère. Louis en eut un peu mal au cœur. Avant que cette dernière ne meurt, on pouvait dire qu’il n’avait pas eut une excellente relation. Ils se criaient dessus assez souvent. Il savait qu’elle avait fait tout ceci pour son bien, mais il jugeait quand même que certaines fois elle y avait quand même été un peu fort *

- Je suis peut être un Grand Roi, mais il y a plusieurs détails que vous ignorez sur mon éducation Madame. Et malgré tout l’amour qu’elle me portait, il y a certaines choses que je ne suis pas prêt de lui pardonner.

* Il gardait un ton aimable malgré la souffrance de ses souvenirs. Est-ce qu’un personne qui se prétendait mère de famille pouvait ainsi laissé son fils se faire battre ? Car oui, durant son éducation, il y a eut des fois ou Louis se faisait battre par ses enseignants.*

- J’espère vraiment que mes enfants comprennent cette situation, même si je les juges un peu jeune pour comprendre.

Si Gabrielle méconnaissait les pensées du Roy, elle n’aurait pas dit mieux, sans subjectivité. L’amitié qui liait toute leur famille à la famille royale ne faisait aucun doute. Vivonne était un proche du Roy tandis qu’Athénais avait grandi avec Philippe. Gabrielle, plus âgée, s’était illustrée dans la maison de la Reine et ne manquait aucune des aventures de sa cadette ! La remarque du Roy la fit rire.

-Je ne pourrai donc pas renier mes origines !

Voyez-y là une plaisanterie, jamais elle ne renierait ses fières origines ! Leur lignage noble était une fiertée pour tous qui ne les enfermait pas dans une sorte de contenance surfaite et pédante - enfin, presque, selon l'interlocuteur. Jamais ils ne manquaient une occasion de festoyer ou rire et leur frère, le charmant Vivonne, était un digne représentant des Mortemart.

-Ah ça, vous pouvez toujours compter sur Vivonne pour être diverti ! Quel bout en train celui-ci !! Ah, je m'ennuirai de ne pas le voir celui-ci ! Nous avons gardé notre complicité d'enfant.

La remarque du Roy la rassura. Elle était très respectueuse de l’étiquette et faisait toujours attention de ne pas dépasser les limites de la bienséance..

-Je n’en doute pas le moins du monde, Sire ! glissa-t-elle avec un petit sourire qui en disait long sur sa connaissance du caractère fort et entier de Louis.

La marquise toucha là un point sensible et comprit qu’il ne fallait pas tarder à changer de conversation pour ne pas gâter l’humeur du Roy, fort agréable en cette matinée.

-J’en suis confuse Sire mais cela n’a pas empêché de faire de vous un grand Roy et un bon père. Vos enfants comprendront !

Et pour égayer la conversation Gabrielle allait lui annoncer ce qu’elle avait conté avec grande euphorie à sa cadette et Claude.

-Sire, j’ai une bien grande nouvelle à vous annoncer ! Certes, elle concerne un enfant, un nouveau petit Mortemart … enfin presque ! Mon aînée Diane Gabrielle m’a appris cette nouvelle avant notre départ pour Saint-Germain ! Depuis, j’en suis toute excitée et pense à mille choses !!!

Et une nouvelle fois, la marquise laissait apparaître à quel point elle serait une grand-mère gâteuse !

* Louis pensait qu’il avait vraiment bien fait de s’entourer de cette noble famille. Il avait toujours considéré qu’il n’avait pas d’ami mais secrètement, cette famille en faisait grandement partie. Il n’hésiterait pas à laisser sa vie entre les mains de Vivonne ou d’aider Gabrielle pour quoi que ce soit. Il savait qu‘il pouvait compter sur eux. Il aimait le fait qu‘aucun membres de la famille ne profite de leur proche relation. *

- Non ce serait un peu compliqué en effet.

* Louis ne put s’empêcher de rire. Il est vrai qu’elle n’avait aucune raison de renier ses origines. Elle pouvait vraiment en être fier. Faire rire Louis était très bien vu. C’était un signe qu’il se sentait bien avec son interlocuteur. Chose qui n’était pas donné à tout le monde d’ailleurs.*

- Oui et c’est une excellente chose. Je dois dire que j’ai fait beaucoup de bêtises avec la complicité de votre frère, et si elles étaient à refaire je les referais très
certainement.

* Il se rappela les départs en plein milieu de la nuit, les soirées de débauche qu’ils avaient vécu. Et pleins d’autres choses encore. La liste était relativement longue. *

- Mais vous êtes une personne privilégiée à mon égard.

* Louis regarda droit devant lui pendant un court instant . Il se demandait quand même ce que ses enfants pensaient réellement de lui. Est-ce que ces derniers prenaient leur père comme model ? Ou au contraire faisaient ils semblant de lui sourire lorsque ce dernier leur rendaient visite.*

- Je ne pense pas qu’ils se rendent vraiment compte de la situation, mais j’espère que plus tard, ils ne me reprocheront pas la distance que nous avons.

* Louis fut heureux de cette nouvelle. Gabrielle avait en effet eut tout à fait raison de lui en faire part. Gabrielle allait donc être grand-mère. Il en fut content pour elle.*

- Mais c’est une merveilleuse nouvelle ma chère amie. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez que je suis là .

Si le Roy pensait acquis le soutien des Mortemart, il avait bien raison. Leur politesse et leur éducation les empêchaient de solliciter (souvent) sa protection. Ils ne voulaient pas afficher cette proximité jalousée avec la famille royale ni laisser à penser qu’ils en profitaient. Leur fierté et leur indépendance les incitaient à agir seuls avant de demander de l’aide et particulièrement à sa Majesté.
Gabrielle rit de bon cœur avec le Roy. Elle venait là de faire une prouesse, enfin une nouvelle. Bénéficier d’un tête à tête aussi long et aussi simple avec Louis le XIVème n’était pas du tout donné à tout le monde et à n’importe qui. L’étiquette imposait une distance et une quasi-soumission à sa personne divine. Le château éveillé devait abriter quelques curieux prêts à jaser sur cette discussion matinale dans les jardins. *Avez-vous vu la marquise de Thianges en compagnie du Roy ce matin ? Ils sont restés longtemps à converser dans les jardins à l’aube ! Qui sait de quoi ont-ils parlé ! Mon Dieu, sa sœur sera verte de en l’apprenant !* Les mauvaises langues ne manqueraient pas d’ajouter *Imaginez le Roy épris de la soeur de sa favorite. Voyez-là le joli scandale à venir ! La graaande mââârquise de Montespan détrônée par sa mââârquise de sœur, qui plus est, plus âgée et bientôt grand-mère ! Grands éclats de rire …* Gabrielle divaguait légèrement et finit par revenir au présent soit la discussion à propos de son frère.

-Vous vous exprimez au passé, Sire ! Cela signifierait-il que la voix de la sagesse grandit en vous ? Je dois vous avouer un secret capitââl ! Vous nous avez surpris … la main dans le sac … à nous amuser comme de vilains garnements. Vous souvenez-vous de cet après-midi où vous êtes entré au salon bleu, sans prévenir ?

Le Roy réfléchissait à cet instant et elle tentait de le lui décrire de son mieux …

-C’était la veille de notre départ pour Saint-Germain. Vous avez certainement surpris quelques rires et chahuts en arrivant … Et lorsque vous êtes entrés, vous avez tonné et pesté contre le désordre dans le salon ! Des coussins à terre, quelques plumes, des fauteuils déplacés …

Le Roy haussait les sourcils et affichait maintenant un sourire amusé … Gabrielle poursuivit son discours …

-Eh bien notre cher plaisantin de frère nous a surpris en pleines confidences avec Athénaïs ! Et pour nous venger de cette frayeur, nous avons entamé une petite partie de cache-cache et course poursuite … A votre pas, nous nous sommes enfuis dans la pièce voisine et sommes revenus après votre passage pour remettre de l’ordre !

Gabrielle rit et secoua la tête à l’évocation de cette scène. Dieu qu’ils auraient eu l’air sot s’ils avaient été surpris débraillés, décoiffés et hilares. Elle n’en fut pas moins touchée par les mots du Roy et se contenta de lui répondre par un sourire franc, les mots ne venaient pas !

-Sire, les enfants sont l’innocence même. Attendez et vous verrez ! Merci beaucoup. Je ne manquerai pas de vous donner des nouvelles de la santé de la mère et de son chérubin. J’aimerais qu’elle nous rende visite à Versailles mais il ne serait pas très raisonnable de l’y faire venir présentement. Peut-être quand l’enfant sera né et plus gaillard ! Si c’est un fils, son époux sera aux anges !

Et elle eut un regard dans le vague.

* La journée commençait à avancer un peu. Saint-Germain allait très bientôt être animé par les courtisans qui ferait des allés et retours dans le château. En effet, ceux-ci ne se gêneraient très certainement pas pour jaser sur Louis et Gabrielle. Ils ne savaient rien faire d’autre de toutes manières. On avait l’impression que le fait de jaser était une activité. Mais Louis en avait l’habitude et les laisser parler. Que faire de toute manière ? Il n’allait quand même pas se les mettre à dos. Mais il est vrai qu’il est extrêmement rare de voir Louis s’entretenir avec un proche de son entourage. D’habitudes, seul les ministres ou autres personnes politiques y avaient droit. Mais Louis aimait bien se détendre aussi de temps à autre et passer du temps avec des personnes qui ont un sujet de conversation intéressant comme c’était le cas avec cette chère Gabrielle de Thianges. Ca y’est, la fourmilière commençait à être en mouvement. On apercevait au loin les jardiniers qui commençaient à s’afférer. Surpris au départ de voir le Roi dans les jardins. A Versailles, Louis s’y promenait aussi, et il le faisait sur les coups de 2h du matin. Il aimait bien être au calme et ne pas avoir un troupeau de moutons qui s’extasient à chaque fois qu’il fait un pas. *

- Non, je dois bien avouer que je ne serais jamais raisonnable. Je crois que nous avons tous encore notre esprit enfantin au fond de nous. Même si je dois bien avouer que chez certaines personnes, il est plus enfoui que chez d’autre. Vous me demandez un grand effort de mémoire je dois dire.

* Il chercha au plus profond de sa mémoire, mais il fallait bien avouer qu’il ne trouvait pas.*

- Ah oui étrangement, ma mémoire me revient. Je revois le capharnaüm que vous aviez fait dans la pièce. Je n’avais encore jamais vu un tel carnage. Pauvres coussins, ceux-ci n’avaient pourtant rien demandé personne.

* Il rit en se souvenant *

- C’était donc ça. Vos aveux sont très intéressant je dois dire. Mieux vaut tard que jamais. Mais je dirais plutôt qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Je reconnais bien là votre cher frère.

* Louis aimait ce souvenir qu’elle avait évoqué. Il avait quand même mit un peu de temps à remonter à la surface, mais il avait fini par venir.*

- Il est vrai qu’il serait assez risqué qu’elle voyage dans son état. Mais elle aura tout le temps d’y venir une fois le moment venu. Versailles ne bougera pas d’un centimètre.

* Il sourit mais vit son regard. Il lui frôla la main exprès. *

- Tout va bien ?

* Il s’agissait là d’un geste qu’il ne faisait pas non plus avec tout le monde*

*Quand les jardiniers arrivèrent au jardin, Gabrielle se sentit un peu gênée. Ils n’étaient plus seuls et les jaseries pouvaient maintenant commencer. Sans savoir ce que le Roy pensait, Gabrielle partageait son avis. Créer et colporter des commérages étaient les activités principales des courtisans qu’ils pouvaient agrémenter de danses comme lors d’un bal, de dégustations de chocolats ou autres mets gourmands, de jeux puisqu’ils se divertissaient toute la journée ou de marche lors des parades aux jardins ! Quelle vie épuisante n’est-ce pas ? Au moins, le Roy avait la paix. La diversion à la Fronde se jouait dans cette activité. Les courtisans le suivaient comme des moutons, aucun risque de rébellion par conséquent. Elle regarda le Roy avec un air faussement étonné et faussement sage.*

-Vraiment ? Et de quelles personnes parlez-vous Sire ? Je ne vois pas du tout qui serait plus enfant que d’autres !!! dit-elle ironiquement avec un petit rire de circonstance.

*Ce rire s’accentua légèrement aux commentaires faits sur l’épisode de la bataille !*

-Non, il est vrai que ces coussins innocents faisaient preuve d’un grand courage en supportant nos poids toute la sainte journée … Nous les avons plumé ce jour-là ! Paix à leur âme !

*Etions-nous proches du blasphème ? Certainement ! L’humour des Mortemart s’accompagnait souvent d’une petite touche de provocation mêlée savamment à de l’ironie et du sarcasme. Certes, comme toute bonne famille de l’époque, ils étaient catholiques, pratiquants juste ce qu’il fallait sans être dévots ! D’ailleurs, les dévots et autres Tartuffe agaçaient au plus haut point les deux terribles soeurs qui ne se privaient pas pour le leur faire comprendre … quand elles ne le disaient pas ouvertement. Ceci faisait jaser – décidément nous y revenons – quand l’une, favorite du Roy avait ‘confié’ ses enfants à son mari et l’autre, séparé de corps d’avec son mari, menait la vie qu’elle entendait à la Cour. Modernité d’esprit et de mœurs incomprise …*

-Si vous nous pardonnez notre faute Sire, nous n’irons pas en Enfer à cause de celle-ci … même si l’abbé de Versailles nous y aurait réservé une place de premier choix ! Chaque fois que nous assistons à l’office avec Athénaïs, il ne manque pas de nous lancer quelques petites piques bien acérées pour nous reprocher notre conduite dépourvue de morale, expliqua-t-elle sur un ton agacé et ponctua la fin de sa phrase par un soupir.

*Non mais de quoi se mêle-t-il ce curé ?? Est-ce que l’on fait toute une histoire des dépravés de l’Eglise qui nourrissent femmes et enfants avec leurs impôts perçus ? pensa-t-elle tout en se gardant d’en faire part au Roy. N’oublions pas que son précepteur et ancien ministre était cardinal. De plus, le Roy semblait d’humeur encore plus plaisante suite à l’évocation de cet épisode alors il ne fallait rien gâcher à cela !*

-Versailles ne bougera pas certes mais Versailles pourrait venir à elle ! Il faudrait que je demande son sentiment à Athénaïs mais peut-être ma fille serait-elle heureuse de voir sa mère et sa tante. Je devrais lui demander aussi si elle souhaite que je reste à ses côtés, surtout à l’approche de la naissance. Ce moment est toujours une épreuve et quand il s’agit du premier enfant, une âme expérimentée n’est pas du superflu !

*Elle allait replonger dans ses pensées quand le Roy frôla sa main. Tirée rapidement de sa rêverie, elle regarda instinctivement sa main, se demandant ce qu’il s’y passait ! Faisant mine de rien, elle répondit :*

-Oui tout va bien Sire. Et vous-même ?

*Et elle se contentait de regarder le Roy, aux traits singulièrement paisibles, attendant sa réponse.*

* Louis regarda les jardiniers avec un air relativement sévère. Il se fichait complètement de ce qu’ils se disaient mais il voulait quand même leur faire comprendre qu’ils feraient mieux de s’occuper de leur mauvaises herbes plutôt que de voir avec qui le Roi parlait. Il regarda Gabrielle d’un air rassurant. Mais il les avaient à l’œil. Il se dit que les rumeurs allaient très certainement arrivé aux oreilles de sa très chère favorite. Il en rit d’avance car elle savait très bien qu’il ne se permettrait jamais de draguer Gabrielle. Il la considérait plus comme un membre de sa famille plutôt que comme une conquête.*

- Ah vraiment ? Pourtant, je suis certain que ces personnes se reconnaîtront sans la moindre difficulté. Mais si vous ne trouvez vraiment pas, je me ferais une joie de vous y aider.

* Il décida d’entrer dans le jeu de Gabrielle. Décidément, elle ne manquait vraiment pas d’humour. Il se dit que Molière devrait peut être l’engager dans sa troupe de comédiens. Elle ferait un tabac sans le moindre doute. *

- En effet, je dois bien avouer que ces défunts coussins ont eu du mérite de supporter vos poids. Mais je trouve bien dommage qu’ils ne soient pas avec nous afin de pouvoir témoigner de tout ce qui c’est passé.

* Louis aimait la personnalité des femmes de la famille Mortemart. Elles allaient toujours un peu dans l’humour noir et elles disaient ce qu’elles pensaient avec subtilité. Ce qui était grandement apprécié de notre souverain. *

- Ah l’abbé de Versailles. Cet homme voit vraiment le mal partout et ce pour une raison que j’ignore. Je suppose que toutes les personnes religieuses doivent être comme lui. N’y prêtez pas attention. Je suis aussi victime de ce genre de pique encore aujourd’hui. On peut dire que la relation que j’entretiens avec votre sœur n’est pas vraiment appréciée par l’église. Mais je l’assume complètement, même si j’ai eu parfois des coups dur.

* Il est vrai que Louis s’était même retrouvé séparé de Madame de Montespan à case de ces curés qui ne cessaient de dire aux gens que si ils vivaient dans le péché ils iraient obligatoirement en enfer. Louis les avaient finalement écouté mais la séparation avait été beaucoup trop dur et n’avait pas duré longtemps au final. Même si pour les deux amants cette séparation avait duré une éternité.*

- Oui je comprends tout à fait la peur qu’elle peut ressentir et ce même si je ne peux pas me mettre à la place des femmes. J’ai assisté votre sœur et j’ai lu de nombreuse fois la peur dans ses yeux. Que vous soyez auprès d’elle est une excellente idée. Elle sera ainsi un peu rassurée. Je suis certain que votre sœur se fera une joie d’accepter.

* Le fait qu’il lui toucha la main ne la gêna pas plus que cela. Tant mieux, car Louis ne voulait pas du tout faire quelque chose de déplacer, il voulait simplement la tiré de sa rêverie. *

- Oui je vais très bien, mais vous étiez bien loin me semble t il.

*Gabrielle regarda le Roy avec un air mi-innocent mi-rieur ! On ne pouvait dire que le Roy n’avait pas d’humour mais rares étaient les témoins de ses plaisanteries et de sa désinvolture tant son comportement était calculé de telle sorte à susciter crainte et admiration, autorité et respect. N’est-ce d’ailleurs pas le meilleur comportement qu’un Prince puisse adopter selon Machiavel ? Ainsi, Gabrielle et tous les Mortemart pouvaient être fiers de figurer parmi ces témoins. Elle entra naturellement dans le jeu du Roy.*

-Ah vous pensez ? J’avoue ne pas savoir de qui il s’agit ! Si vous êtes prompt à m’y aider, dans ce cas, je vous quémande quelque indice !

*Et elle baissa la tête, se pinçant les lèvres afin de ne pas éclater de rire à la figure de sa Majesté. Cela ferait preuve d’une trop grande complicité ou d’un laisser-aller inhabituel et propre à faire jaser jusqu’au prochain grand événement. D’ailleurs, leur discussion serait certainement reprise en privé avec Athénaïs, tout en la ponctuant des quolibets qui leur viendraient très vite aux oreilles. Malgré les coups d’œil dissuasifs, les jardiniers ne pouvaient s’empêcher de regarder dans leur direction, avec un petit sourire narquois. Quelle bande d’idiots !*

-Ajoutez les murs aux coussins, ils auraient une conversion très prolixe … et certainement compromettante ! Ceci dit, les murs ont des oreilles … malheureusement … mais ils n’ont pas la parole … fort heureusement !

*Et elle se tourna vers le Roy :

-Imaginez-vous les scandales et les mélodrames ? Il est bien mieux de laisser planer un peu de mystère ! Ces rumeurs permanentes sont fatigantes mais elles nous permettent tout de même d’en jouer. Qu’il est drôle de prendre une mauvaise langue à son propre jeu !

*Et elle ria un peu tout en secouant la tête. Oui, qu’il est drôle de claquer le bec de toutes les dindes de la Cour quand il ne s’agit pas de leur claquer une porte au nez ! Le moyen est plus violent mais encore plus cinglant !!*

-Oh ces prêtres, ils me font bien rire avec leur moral de façade ! Mais combien ont des maîtresses et des familles, plus ou moins dissimulées ? Il est aussi déplacé de les voir prôner un confort réduit lorsque l’on voit le confort dans lequel certains se pament. Non, je préfère ma condition à la leur et Dieu ne pourra pas m’en vouloir d’avoir bien vécu tant que j’aurai entendu et appliqué son message de paix et d’amour …

*Là c’était assez mal parti ! Elle complotait avec Athénaïs, se moquait, claquait des portes et rechignait tout de même à accomplir son devoir religieux de temps à autre. Ah autre point, elle était séparée de corps avec son mari et avait eu quelques aventures. Hum, bon, ce n’était pas gagné pour être aux premières loges au Paradis ?!*

-Je crois que vous le savez mais Athénaïs devient totalement gâteuse devant un enfant. Elle est la marraine de ma chère Diane Gabrielle et le fait de la voir bientôt mère l’emplit de joie ! Je crois qu’elle perdra la tête devant cet enfant. Bien entendu, il sera le plus merveilleux et le plus beau bébé de la Terre … dit-elle avec humour. Regardant le Roy : -Après les vôtres bien entendu !

*Ne détournant pas le regard, elle poursuivit. Le Roy était bel homme. Elle avait eu un faible pour lui en son temps mais elle avait appris à le côtoyer et sa vague inclination avait disparu la saison suivante. Maintenant, elle s’affairait plus à préserver le bonheur de sa cadette qui aimait tant ce Roy amoureux des femmes.*

-Oh oui, mon esprit n’est pas très docile parfois, il vagabonde je ne sais où sans crier gare … mais rassurez-vous, il n’est jamais très loin et revient assez vite !

* Il était très rare que Louis soit si détendu. Mais avec la Famille Mortemart, s’était complètement différent. Il pouvait enlever le masque dur et rigide du Roi pour laisser place au vrai Louis. On pouvait dire qu’il jouait un double jeu. Le rôle de Roi n’est pas donné à tout le monde. Mais il fallait bien avouer que Louis l’interprétait à la perfection. Ca lui faisait du bien de pouvoir se détendre un peu d’ailleurs, il avait quand même énormément de pression. Gabrielle arrivait à lui faire penser à autres choses, et il l’appréciait grandement. Tous les soucis qu’il avait depuis ces derniers mois se trouvaient loin derrière lui. *

- Un indice, fort bien. Ce sont des personnes sur qui je peux compter. Ce sont les seuls sincères de tout Versailles. Je n’aurais aucune hésitation à confier à l’une d’entre elle, ma vie en cas de besoin.

* Il plongea son regard dans celui de Gabrielle. Il avait reprit son sérieux en trente seconde. Oh il n’avait aucune mauvaise attention envers elle, il lui avait donné l’indice qu’elle lui avait demandé. Mais il n’avait pas été dans la plaisanterie. Il avait dit sincèrement ce qu’il pensait de la famille Mortemart. Avouer qu’il tenait à eux était assez inhabituel de sa part. D’habitude, il gardait toujours son masque ne dévoilant rien du tout de ses ressentis. Mais pas avec elle, ni avec les autres membres de sa famille d’ailleurs.*

- Il est vrai que les mûrs sont les témoins de mes pires souvenirs comme de mes meilleurs. Mais je vous avouerais quand même, que si ils possédaient l’usage de la parole, cela me serait assez utile dans certains cas. Mais délicat dans d’autres situations. Si ils parlent et que je ne peux les en empêcher, j’avoue que ce serait assez fâcheux. Je ne pourrais pas les détruire au risque de détruire Versailles.

* Louis esquissa un sourire. *

- Il est vrai que cela pourrait être très drôle de jouer avec les rumeurs. Certaines fois, la personne qui se trouve en face de vous vous fait des aveux sans même s’en rendre compte. Mais il faut jouer très finement car la situation peut se retourner contre vous.

* Louis ria avec elle. Elle avait raison, être cruel parfois était assez jouissif. Car la plupart des dames de la cour se croient encore et toujours supérieur aux autres . Leur clouer le bec ne peut être que bénéfique. Il faut simplement trouver le bon moment pour frapper et y aller sans hésiter.*

- Oui les prêtres se prennent tous pour des Saints hommes sans la moindre hésitation. Mais certains goûtent quand même aux plaisirs de la chaire car certaines fois le pécher et bien trop tentant. Il est impossible de vivre ainsi pour tout homme normalement constituer.

* Louis savait de quoi il parlait, il ne pouvait pas rester un jour sans avoir de rapport que ça soit avec sa Favorite ou avec une autre. C’était d’ailleurs un sujet de dispute permanent entre les deux amants. Pour Louis, il n’y avait rien de mal à aller voir ailleurs mais Athénaïs ne l’entendait pas de cette oreille.*

- Oui votre sœur adore les enfants et ça à toujours était ainsi. Elle souffre de ne pas pouvoir voir les nôtres. Le fait qu’elle devienne gâteuse avec votre fille. Je suis même certain que ça va empirer avec l’âge.

* Il rit de sa bêtise et apprécia que Gabrielle se rattrape sur le fait que ses enfants étaient les plus beaux de tous. Car même si Louis avait de l’humour, il avait toujours eut un égo sur dimensionné. Il ne faut surtout pas toucher à ses enfants ou à ses proches et se même en plaisanterie. Mais l, il était de bonne humeur donc il ne releva pas la remarque de cette dernière.*

- Et je suis heureux de le constater. Car un esprit si vif que le vôtre en arriverait à me manquer si il ne revenait pas.

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