Le battant de la porte du grand salon de la Reine s'ouvrit, l'assemblée présente naturellement se tourna dans un mutuel mouvement de tête vers l'ouverture. Un valet annonça à voix haute et forte.
- Son Excellence, Monsieur le Comte de Chalais!
L'ouverture de la porte resta anonyme un moment, puis on entendit le pas si familier à Chalais, un pas glissant délicatement contre le sol tel un serpent rampant suivi d'un claquement de canne contre les parquets et perdurait ainsi la mélodie qui dénonçait l'arrivée de Chalais. Bien qu'il se savait attendu en cet instant, ceci ne semblait pas le motiver à accélérer quelque peu sa marche.
Sa silhouette si singulière apparue enfin. Sa démarche maîtrisée et imperturbable le fit avancer dans le salon. Malgré son boitillement, son menton restait haut et infatigablement fier, quant à l'expression de son visage au teint blême, elle était purement hautaine. Il ralentit devant la Reine et ne contempla qu'un bref instant le tableau qu'elle représentait: une personne informe qui se confondait avec le fauteuil sur lequel elle était assise, entourée avec habitude de ses constellations de courtisans plein de flagorneurs et de ses fidèles compagnons de petite taille grotesques. Sa canne changea de main et sa stature se tordit lorsqu'il s'inclina devant la Reine pour la saluer.
- Mes hommages, Altesse. Prononça sa voix caverneuse qui faisait défaut à son sourire hypocrite. Je vous apporte des nouvelles excellentes … Affirma t-il d'un ton qui aurait pu contenir plus d'entrain tandis qu'il se redressait.
Les courtisans, qui composaient les ailes de la Reine, posèrent sur lui des regards divers, offrant un éventail de diversité proposant ainsi une gamme démarrant de la haine jusqu'à la curiosité. De ces regards, étaient facilement discernables les relations qu'entretenait le Comte de Chalais.