Menons l'enquête

*Alban était assez anxieux. Depuis plus de vingt minutes déjà, il faisait les cent pas devant la porte qui menait aux appartements d'une des plus grandes personnalités de Versailles. Déjà, il n'avait pas l'habitude de cet endroit. Son terrain de prédilection restait les rues de Paris, les coins où il savait où trouver des informations... Mais la Cour et tous ses fastes, ça non. Lui, le campagnard fraîchement recruté par le Lieutenant Général des forces de police, il n'avait rien à y faire. Il avait essayé de soigner la tenue, mais il ne s'y leurrait pas : il y avait de grandes chances qu'on le prenne tout d'abord pour un valet ou pour un vilain quelconque. Heureusement qu'il avait sur lui un laissez-passer et une lettre de La Reynie lui-même. Ils lui avaient été utiles pour parvenir à ce point là. Il venait de demander à une des femmes de chambre de prévenir la Marquise, et commençait à se demander si elle ne faisait pas exprès de laisser les choses traîner en longueur. Il était vrai qu'il était arrivé sans prévenir, qu'elle avait peut-être d'autres choses à faire, prévues, elles, de longue date. Mais il s'agissait tout de même d'une affaire sérieuse. Mais son supérieur avait été clair : "du calme, de la patience et pas de bavure". Alors Alban prenait son mal en patience.
Il jeta un autre coup d'oeil à la liste qu'il avait avec lui. Il avait recopié quelques noms issus d'une des dernières perquisitions de l'équipe de La Reynie. Il lui suffisait juste d'aller voir la Marquise, de lui faire mention de ces noms, et de lui demander son avis. Après tout, c'était une des femmes les plus influentes de la Cour, elle devait tout de même être au courant de quelques intrigues.
Il ne l'avait jamais vu de ses propres yeux. Il avait vu un portrait que son chef lui avait présenté, et entendu quelques anecdotes à son sujet. Alban soupira : après les histoires de rues, pour une affaire aussi importante, il allait de voir se mettre aux histoires de châteaux et de politique...*

* La marquise, quant à elle, s'étonna lorsqu'on la prévint de la venue d'Alban. Si elle s'attendait à une chose pareille ! Déjà ses femmes de chambre s'esclaffaient d'imaginer le pauvre policier qui attendait patiemment derrière la porte de l'antichambre. Celle qui avait prévenu la favorite racontait aux autres de bien méchantes choses, se moquant autant qu'elle le pouvait. Athénaïs sourit mais n'appréciait guère ce genre de médisances lorsqu'elles touchaient des personnes moins bien fortunées qu'elle.
Elle tappa dans ses mains afin de faire taire ces pies bavardes.*

-Allons mesdames, un peu de tenue !

* L'une de ses suivantes terminait d'accrocher des rubans à sa coiffure. En effet, la marquise avait un rendez-vous au sujet d'une future pièce de théâtre écrite pour le Roi. elle avait néanmoins décidé d'accorder audiance au jeune policier, se demandant de quoi il voudrait lui parler.*

-C'est parfait, ouvrez donc à ce monsieur et laissez-nous !

*Et les suivantes de s'éxécuter. La porte s'ouvrit, Athénaïs se leva avec grâce de son tabouret, afin d'accueillir le nouveau venu. Sans méchanceté aucune, elle ne put s'empêcher de sourir en voyant la manière dont il était vêtu. Mais elle le regarda dans les yeux, ses iris azurs envoutants et ses pupilles attentives posées sur lui. D'une voix calme et claire, elle lui lança avec un sourire:*

-Eh bien, Mr Delalande, que me vaut l'honneur de votre visite?

*Alban retint un soupir en voyant enfin les portes s'ouvrir. Derrière elles, il aurait juré entendre rire. Il jeta un rapide coup d'oeil à sa mise. Inutile d'aller chercher plus loin. Après cette triste expérience, il se promis qu'après avoir payé son loyer pour la maison qu'il louait dans Paris, il irait se procurer des vêtements moins... enfin, plus appropriés aux promenades qu'il ferait ici dans l'avenir.
Il se reprit et s'avança tout en s'inclinant comme le voulait l'usage. Il se redressa et regarda la marquise, en évitant toutefois de la dévisager. C'était un exercice assez compliqué. Il se rendait compte à ce moment que ce qu'il avait vu et entendu à propos de la Montespan n'était pas faux. Elle était charmante, éblouissante même. Le Roi avait vraiment bon goût pour les femmes. La Marquise avait tout pour elle : prestance, grâce... Aucune porte ne semblait pouvoir lui résister. Il remarqua qu'elle venait de se préparer. Certainement pas pour lui. Aussi serait-il convenable de la retenir le moins possible.
Il essaya de faire abstraction des suivantes qui disparaissait de la pièce en retenant des gloussements et s'avança encore vers Athénaïs.*

- Je suis navré de vous déranger de la sorte Madame... Mais j'ai reçu des ordres de Monsieur de La Reynie, suite à l'une de nos enquêtes.

*Il baissa les yeux pour ressortir le feuillet de papiers qu'il avait avec lui, essayant de ne pas tout lâcher tant il était nerveux. Il n'avait pas l'habitude des interrogatoires envers de nobles dames, favorite du Roi qui plus était.*

- C'est une affaire assez sombre... Mais Monsieur le Lieutenant Général pensait que vous pourriez nous apprendre quelques petites choses. Lors d'une de nos perquisitions, nous sommes tombés sur une liste de plusieurs noms... certains sont ceux de gens de grande importance. Nous aurions aimé votre avis, ou savoir si vous aviez un quelconque témoignage, des indices concernant une de ces personnes.

* Athénaïs le regarda entrer incliné, pui se redresser, et lui sourit. Ce jeune homme semblait totalement noyé dans ce monde tout nouveau pour lui.
En entendant le nom de la Reynie, la marquise sourit. Elle connaissair la réputation de ce lieutenant qui n'était plus à faire et se dit que le jeune policier devait passer de sombres heures avec le vieux policier qui se trouvait être fort sévère.
D'un geste, elle l'invita à s'asseoir, lui désignant une banquette. Elle alla se placer à celle situé en face.*

-Eh bien prenez place, nous serons plus à l'aise.

*Elle le regarda sortir son feuillet d'une main peu assurée, et son regard fut attiré par cet objet qui devait contenir nombre de pièces importantes à l'enquête.*

-Si je puis vous être d'une aide quelconque, ce serait avec plaisir, nous servons tous Sa Majesté du mieux que nous pouvons, n'est-ce pas? Alors je vous écoute.

*Sa curiosité était poussée à son comble. Mais néanmoins elle avait une pointe d'angoisse, elle n'était pas très fière de sa petite virée nocturne avec d'Aquin. Mais un simple philtre aphrodisiaque sans danger ne pourrait tout de même pas lui attirer tant d'ennuis que cela... Du moins elle l'espérait*

*Alban s'installa en face d'elle, non sans une certaine gêne. Il avait l'impression qu'il allait s'enfoncer dans les coussins et ne plus arriver à s'en extraire. Même les sièges du quartier de la police n'étaient pas si confortables. Enfin, ils n'avaient pas besoin de l'être surtout ! Il essaya de se reprendre tout en espérant qu'il n'allait pas passer pour un homme sorti tout droit de sa campagne, même si c'était le cas.*

- Je vous remercie...

*Il se redressa un peu tout en cherchant comment aborder les choses. De la diplomatie, lui avait conseillé La Reynie. Faire attention à tout, à la moindre remarque, au moindre changement de ton, à la moindre expression de visage... même si la personne n'avait directement rien à voir avec l'affaire, elle pouvait en savoir plus que ce qu'elle pouvait laisser paraître.
Il jeta un autre coup d'oeil à la liste avant de la tendre à la Marquise.*

- Voici une copie de la liste des noms. Nous aimerions savoir si certains vous sont familiers et si vous avez noté chez ceux-ci un comportement suspect. La fin correspond à différents noms de personnes qui fourniraient les précédentes en produits divers et d'origine douteuse.

*Il attendit son verdict, tout en essayant de ne rien manquer de ses réactions, sortant son calepin et son crayon de charbon pour noter d'éventuelles remarques. La Reynie attendait beaucoup de cette entrevue. Il n'avait pas envie de le décevoir.*

HJ: tu pourrais me dire des noms qu'il y aurait de marqués dans la listounette stp? Very Happy

* La marquise regardait le jeune policier qui avait l'air si désireux de bien faire. Elle aimait beaucoup cette qualité, et lui sourit pour essayer de le mettre plus à l'aise, car elle avait bien remarqué sa gêne. Elle l'écouta, plongeant son regard azur dans le sien. Identifier des noms. la chose semblait aisée, d'autant qu'elle en connaissait une quantité... Mais qu'avaient-ils à se reprocher, ces gens-là?
Elle prit avec délicatesse la feuille que le policier lui tendait, et la parcourut du regard avec attention. La liste était longue. Elle reconnu quelques noms de courtisans et courtisanes qu'elle avait aperçu une ou deux fois. Mais parmi ces noms-là figurait celui du Chevalier de Lorraine, l'amant de son ami Philippe d'Orléans, le frère du Roi. Elle devina tout de suite: on le soupçonnait de la mort d'Henriette d'Angleterre, l'épouse de Monsieur. Certes il ne la supportait pas et leur entente était loin d'être harmonieuse puisqu'il cherchait à semer le trouble dans le couple Orléans, mais Athénaïs restait persuadée que jamais il naurait pu causer sa mort. Elle ne pouvait pas feindre ne pas connaitre ce nom-là, puisque son amitié avec Monsieur était connue de tous. Mais elle ne voulait pas, par une parole malheureuse, enfoncer un peu plus l'Amour de son ami. Que faire?
La marquise releva ses grands yeux bleus vers Alban, lui tendant le feuillet pour le lui rendre, avec un sourire non pas heureux et ravi, mais davantage de circonstances.*

- Eh bien je dois dire que nombre de ces personnes sont des courtisans que j'ai eu l'occasion de croiser qu'une ou deux fois lors de réceptions officielles. Cependant, je connais fort bien Philippe de Lorraine. Mais je m'interroge sur la présence de son nom dans votre enquête. Qu'aurait ce brave homme à ce reprocher?

Hj : oula... j'ai improvisé moi XD Bon, si je regarde sur Wiki pour pas faire de bêtise, on a entre autres la vicomtesse de Polignac et Madame de la Mothe.

*Alban l'observa pendant qu'elle étudiait la liste. Certes, il n'était pas discret à la dévisager ainsi, mais il ne voulait rien laisser passer. De la minutie dans son travail : c'était une des exigences pour rester au service des forces de police, et il n'avait jamais été du genre à rechigner devant l'effort. Tout dépendait du reste -la situation, le nombre de cadavre et l'état dans lequel ils étaient...
En regardant bien, il se dit qu'il avait visé juste. La Marquise connaissait un grand nombre de personne sur cette liste, étant donné la surprise que son visage affichait rapidement à quelques instants. Il était dommage qu'il ne puisse dire à quel nom cela correspondait, mais pour le moment, il cherchait un fil auquel s'accrocher et qu'il ne devait pas lâcher pour essayer de défaire le noeud des problèmes qui se présentait à la justice.
Il reprit le feuillet et le posa à côté de lui, tout en se redressant. Il essayait de faire abstraction des impressions que la Montespan pouvait faire apparaître, comme le respect, la crainte et autres choses qui l'empêcheraient de trouver un quelconque indice, même s'il était venu ici pour glaner seulement quelques informations. Il inclina la tête à sa question concernant le chevalier de Lorraine, espérant trouver quelque chose pour confondre le cher amant de Monsieur.*

- Feue Madame Henriette d'Angleterre et lui n'étaient pas en très bon termes, à ce que j'ai cru comprendre. Selon les témoignages de quelques personnes de la Cour, il n'aurait pas eu peur de proférer des menaces à voix haute. Et certains disent que Madame empêchait ledit Chevalier de réaliser certaines affaires assez douteuse. De la corruption entre autres. Il avait donc le plus d'intérêt à la voir disparaître. Et il ne s'en cache pas.

*Il n'avait pas vraiment suivi cette affaire et s'était contenté de ressortir les conclusions qu'il avait lu dans un autre dossier, en s'informant sur cette histoire de trafic de fioles.
Il soupira et reprit la liste pour regarder quelques noms.*

- Madame... Veuillez excuser ma question, mais est-ce que certaines de ces personnes, ou d'autres qui ne seraient pas marquées sur cette liste, vous auraient fait des propositions sur des produits, ou bien des services qui sembleraient suspects ?

* Athénaïs n'aimait guère se sentir dévisagée ainsi. Lorsqu'elle lisait la liste, elle avait senti le regard pesant d'Alban Delalande sur elle. Elle aimait être admirée, non épiée.
Elle le regarda avec un léger haussement de sourcils lorsqu'il énuméra les soupçons qui pesaient sur la pauvre amoureux transi de Philippe. Elle lui répondit sur un ton un peu ironique. *

-Entre voir un intérêt quelconque à la disparitiond e quelqu'un et passer aux actes, il y a une large frontière ! Nombre de personnes malveillantes verraient un intérêt à la disparition de Mr Colbert par exemple, et pourtant ce brave homme est toujours de ce monde! Que Dieu le garde. Je suis convaincue de l'innoncence du Chevalier de Lorraine dans cette affaire. Voyez la chose: tout le monde connaissait son animosité pour feue Madame. Lors de son décès, il était donc évident que tous les regards se braqueraient sur lui. Et je crois cet homme bien trop intelligent pour tomber dans ce genre de piège. Se réjouir de pareille horreur n'implique pas une culpabilité certaine, je ne vous apprend rien. La pauvre Henriette d'Angleterre, paix à son âme, était peu aimée dans le domaine d'Orléans, il va sans dire, mais je n'arrive pas à croire que quelqu'un là-bas y soit pour quelque chose.

* La marquise fut d'autant plus surprise par la question qui lui était posée. Elle ouvrit de grands yeux étonnés. Des services suspects? Mais pour qui la prenait-il? *

-Grand Dieu non ! J'en aurais déjà fait prévenir Mr de la Reynie. Essayez-vous de me dire que ce genre de personnes poussent le vice à venir à la Cour-même pour proposer leurs services?

*Athénaïs savait que les poudres de succession circulaient, mais ignorait tout à fait qui les utilisait. Comme tout le monde, elle n'en apprenait les démêlés qu'une fois l'enquête résolue.*

*Alban avait réussi une fois encore à mettre les deux pieds dans le plat. Certes il savait parfois faire preuve de discrétion, mais là il se rendit compte qu'il était allé un peu loin. Il avait fini par mettre la Marquise sur ses gardes, et il se pourrait bien qu'elle se méfie de lui si elle avait quelque chose à cacher. Pourtant, au poste de police, tout le monde était persuadé de la participation de Philippe de Lorraine dans la mort d'Henriette... Même s'ils manquaient de preuve. Il fallait dire que dans la police, ils n'aimaient pas lâcher le morceau. Et cette affaire était trop grave pour laisser la moindre piste de côté.
Il se racla la gorge, essayant de retrouver un peu d'aise. Même sur un ton ironique, les remarques de la Marquise étaient pertinentes et il n'osait pas vraiment la contredire. Après tout, elle était la favorite du Roi. Un mot à son sujet pour le souverain et il pouvait très bien se retrouver dans une situation délicate. Il fallait qu'il se reprenne, et qu'il essaie d'éviter de faire d'autres bourdes.
Il se redressa un peu et baissa les yeux, tout de même un peu confus.*

- Je suis désolé si mes remarques ou questions vous offusquent... Je ne cherche pas à vous mettre en colère.

*Il soupira pour répondre à sa dernière remarque.*

- Hélas, ce genre de choses arrivent. Nous avons recueilli dans nos perquisitions un nomre important de poison. Et lorsque l'on est un simple villageois, on n'utilise pas de tel moyen pour se débarasser d'un gêneur. Les listes qu'ils n'ont pas le temps de détruire montre bien leur clientèle de prédilection. Je ne dis pas qu'on aurait pu vous le proposer à vous, mais ils peuvent faire passer cela par des gens mêmes de la Cour. Des servantes ou des domestiques... Pour être plus discrets.

* Athénaïs n'en voulait cependant pas au jeune policier. Il avait le droit d'avoir son avis, mais elle essayait comme elle pouvait de disculper une personne qu'elle pensait innocente, d'autant que cette personne comptait dans le coeur de son meilleur ami.
Elle lui sourit pour le mettre un peu plus à l'aise, car elle percevait bien que quelque chose n'allait pas. Elle lui répondit sur un ton un peu plus enjoué.*

-Ne vous en faites pas, il en faut bien plus pour me mettre en colère...

* A ces mots, elle ne put s'empêcher de sourire. Il était amusant de voir combien les personnes qui ne la connaissaient pas angoissaient à l'idée de la "déranger". Ils avaient peur pour leur sort, sachant l'influence qu'elle avait sur le Roi. Ce n'était pas un pouvoir négligeable qu'elle avait entre les mains, et tout un chacun le savait. *

-Soyez assuré que je ne fréquente pas ce genre de personnes, du moins je l'espère! Mais à ma connaissance, personne dans mon entourage proche n'a perdu une personne proche de manière suspecte. Je m'en serais inquiétée. Et je choisis toujours avec beaucoup de soin mes domestiques. Mais si vous en éprouvez le besoin, vous pouvez les questionner.

Claude revenait une fois de plus de chez La Voisin. Elle avait encore récupéré la commande de sa maîtresse et elle revenait discrètement au château en empruntant des passages censés être secrets mais que la plupart des gens connaissait, autant les domestiques que les nobles. Un liquide plus bleu que les yeux de celle qui envoûtait le Roi remplissait la petite fiole de verre que Claude tenait dans sa main, à moitié dissimulée sous une ample cape verte émeraude. Sachant que sa maîtresse était seule avec ses suivantes, elle entra sans
frapper et se dirigea vers la chambre de la marquise, où elle devait déposer la fiole dans une petite cache aménagée. Mais pour cela, elle devait se rendre dans le salon. Étant arrivée à un moment où la marquise se taisait, elle la crut seule et ne chercha pas à cacher la fiole, car si les suivantes avaient été là, on aurait entendu des jacassements jusque dans les couloirs. Elle entra donc dans le salon, la fiole à la main.

-Madame la marquise j'ai ce que vous m'a....

Voyant un inconnu assis avec Athénaïs, elle fit prestement disparaître la fiole dans un repli de sa cape. Il ne l'avait sans doute pas remarquée. A le voir, ce n'était pas un noble, bien qu'il ai apparemment fait un effort pour y ressembler.

-Je veux dire, j'ai porté le message que vous m'avez demandé.

Ouf, elle avait repris ses esprits à temps, mais elle savait qu'elle ne serait pas payée, car elle avait failli faire capoter tout les plans de sa chère maîtresse. Elle resta sur le pas de la porte quelques secondes, avant de ser reprendre tout à fait. Elle esquissa une révérence en direction de l'homme puis se tourna vers sa maîtresse.

-Bonjour Monsieur. Madame, souhaitez-vous que j'appelle quelqu'un pour vous faire du thé?

* Athénaïs crut que son coeru s'arrêtait de battre au moment où elle entendit Claude. Dieu, cette sotte avait failli la vendre! Cependant, rien dans son attitude ne laissa transparaitre son malaise passager. Elle se tourna vers Mlle des Oeillets avec toute la grâce et la prestance qui étaient siennes, et lui parla d'une voix douce.*

-Claude, ma chère, vous tombez bien. Voici Mr Delalande, le second de chef de la police Mr de la Reynie. Il me mandait à l'instant si j'eus connaissance de quelque commerce que ce soit plutot inhabituels voire malhonnête. Je n'ai pour ma part rien remarqué... Avez-vous, de votre coté, constaté une quelconque anomalie??

*Elle lui posa la question le plus innocemment du monde. Il faut dire qu'Athénaïs était une comédienne incroyable, les arts étaient son domaine de prédilection, outre la séduction, et le chant, la danse et la comédie étaient une banalité pour elle.
Elle se focalisa ensuite sur le prétexte de Claude.*

-Oh, fort bien, déposez donc le billet de Sa Majesté dans ma chambre, j'irai le lire quand ce monsieur aura pris congé, avant d'aller à la répétition de Mr Molière.

*Le coeur de la marquise battait toujours à tout rompre, mais son teint était resté intact ainsi que son port, d'un naturel affolant.*

*Alban allait la remercier pour sa proposition en lui ajoutant qu'il n'était là que pour peu de temps, et que pour le moment il ne cherchait que quelques informations mais qu'il irait volontiers transmettre cette invitation à La Reynie quand Claude fit irruption dans la pièce. Il n'eut pas le temps de voir ce qu'elle tenait en main, sinon il ne se serait pas levé poliment comme il le fit, en saluant calmement la jeune femme.*

- Bonjour Mademoiselle.

*Oui, Alban avait quand même le minimum de savoir en bonnes manières qu'il fallait, sinon le Lieutenant Général n'aurait pas pris le risque de l'envoyer à Versailles, dans la jungle des mondanités et des règles à respecter à la lettre près. Aussi était-il plutôt ravi de mettre à profit ce qui était rarement de rigueur dans sa campagne poitevine.
Il se rassit et attendit que la Marquise réponde à la domestique. La bienséance avant tout.
Puis il regarda de nouveau Athénaïs, se demandant s'il était convenable de retenir ainsi la Marquise.*

- Si vous devez vous rendre quelque part, je pense que je ne vais pas vous déranger plus longtemps...

La marquise était une excellente comédienne, et Caude n'entendait pas faire encore plus honte à sa maîtresse, aussi répondit-elle au salut du policier et prit-elle la parole d'un ton mesuré.

-Non madame, la plupart des domestiques sont forts attachés à leurs maîtres et ne voudraient jamais les trahir! De nombreuses rumeurs circulent en cuisines, mais cela était vrai de tout temps et je ne ois point-là une raison de les prendre au sérieux. De plus, je n'ai point entendu de propos qui suggéreraient de tel complots.

Elle espérait que la belle marquise avait compris son allusion et, ne voulant pas créer de malaise qui la ferait encore baisser dans son estime, elle se rendit prestement dans la chambre, où elle rangea la fiole. Elle sortit ensuite un billet du roi de là où sa maîtresse les rangeait, le lut rapidement pour être sûre qu'aucun propos invraisemblable, du genre "La fête du printemps",n'y soit écrit et le déposa en évidence sur la table, au cas où le policier soit un peu trop curieux. Il n'était surement pas aussi bon comédien que la marquise, il n'aurait pu garder un calme aussi serein si il avait vu ce qu'elle tenait en main, aussi conclut-elle qu'il n'avait rien vu. Elle vérifia que la cache était parfaitement invisible avant de revenir doucement dans le salon. Elle se mis dans un coin, baissa les yeux et se tut en attitude de parfaite soumission pour écouter a suite de l'affaire.

* Athénaïs accorda un signe de tête à Claude après son récit, la laissant aller ranger ce qu'elle devait dans sa chambre.
Puis elle regarda Alban avec un petit sourire satisfait, espérant que la réponse de sa suivante le satisferait.*

-Cher Monsieur, je pense que votre enquête est bien plus importante que la dernière pièce de Monsieur Molière, aussi notre saltimbanque patientera. N'hésitez pas et posez toutes les questions que vous jugerez nécessaire à vous renseigner, vous et Mr de la Reynie.

* Elle espérait ainsi obtenir sa sympathie et surtout sa confiance. Car même si elle ne faisait rien de mal, on ne savait jamai comment les choses pouvaient être interprêtées, et le fait d'aller chez ce genre de devineresses pour se procurer des poudres d'amour serait assurément pris pour une tentative d'empoisonnement, alors qu'elle ne cherchait pas à mal.
Elle entendit Claude revenir mais ne la regarda pas. Toute son attention était focalisée sur Ablan Delalande, atenndant d'éventuelles autres questions qu'il aurait à lui poser. *

*Alban ressortit son calepin pour noter les remarques de Claude, essayant d'en ommettre le moins possible. Il n'avait pas appris grand chose, sinon que si ce genre d'empoisonnement existait, ils se faisaient le plus discrètement possible. Quoi de plus logique ? Il faudrait donc trouver une autre porte à ouvrir pour espérer voir aparaître un semblant de réponse qui satisferait son chef.
Il n'avait pas de raison de s'attarder encore longtemps chez la Marquise, elle n'avait rien à se reprocher et ne connaissait visiblement personne dans son entourage qui pourrait avoir le profil d'un empoisonneur. A part ce chevalier de Lorraine mais il n'avait pas envie d'y revenir pour subir de nouveau les foudres de la Montespan. Surtout qu'elle semblait être redevenue attentive au Sergent des forces de Police. Fait étrange d'ailleurs. Elle semblait bien concentrée tout à coup. Comme si elle avait peur de lui déplaire... Enfin, c'était peut-être son imagination.
Il sourit légèrement.*

- Je vous remercie pour votre collaboration Madame. Je pense inutile de préciser que si vous voyez quelque chose de suspect, vous pourrez en référer à moi-même ou à Monsieur de La Reynie.

*Il reprit ses feuillets qu'il rangea convenablement avant de reprendre.*

- Empoisonnements mis à part - et excusez-moi de vous interroger sur le sujet - nous avons aussi eu la désagréable surprise de tomber sur des célébrations sataniques... des messes noires comme on les appelle. Savez-vous si une personne que vous connaissez en verrait l'utilité ? Je ne parle pas de vous directement, bien sûr, maus auriez-vous quelque ennemi qui se satisferait de cette... "pratique"... pour arriver à ses fins ?

* La marquise, toujours bien installée dans son fauteuil, regardait le jeune lieutenant dans les yeux, et écoutait ses questions. Des messes noires? Quelles pratiques sordides ! Elle ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux, puis se reprit en une seconde. *

-Quand on a mon statut, les ennemis sont plus nombreux que les amis, mais bien sûr ils ont le tact de ne point manifester le choix de leur camp. Alors malheureusement je ne saurais vous dire qui pourrait être assez fou pour utiliser ce genre de pratiques malsaines... Vous m'en voyez désolée cher Monsieur.

* Athénaïs se demandait bien si les forces de polices avaient des suspects, et si tel était le cas, quelle pouvait bien être leur identité.*

-Auriez-vous dores et déjà des suspicions sur quelques personnes que ce soient?

*La marquise changea de position, appuyant son coude sur l'accoudoir, et posant son visage aux traits fins et délicats sur la paume de sa main, ce qui lui donnait un petit minois tout à fait charmant.*

*Alban soupira et tira un trait sur son calepin. Il n'aurait pas trop d'informations de ce côté là. Il ne se faisait pas trop d'illusion de toute manière. Il s'agissait d'un sujet sensible et les gens susceptibles de le crier sur tous les toits étaient des plus rares. En même temps si cela arrivait, à quoi servirait-il ?
Il regarda la Marquise faire. Bon, au moins elle était à l'aise. Il commençait à trouver ses questions stupides. Qui pourrait vouloir du mal à une femme comme elle ? Un fou... ou bien une personne jalouse, ce qui hélas ne devait pas manquer étant donnée sa situation.
Il se remit correctement dans les coussins dans lesquels il commençait à s'enfoncer pour répondre à son interrogation.*

- Eh bien... C'est la partie de notre enquête qui avance le moins. Car ceux qui la pratiquent sont très prudents et laissent très peu d'indice. Il s'agit presque de "commnauté" et ils savent bien que si l'un plonge, c'est tout le reste qui s'effondre. Cependant, nous sommes portés à croire que certains des pratiquants sont des prêtres disgraciés et des femmes assez étranges. Des faiseuses d'anges ou des... sorcières, comme on le dit. Nous n'avons pas de nom à proprement parlé, mais nous cherchons des gens ayant ce profil un peu partout. Sait-on jamais...

* Athénaïs hocha la tête, pensivement, ne pouvant s'empêcher d'imaginer tous ces rituels machiavéliques dont pouvaient être composées ce genre de messes. Elle esquissa une petite moue. Vraiment, les sieurs Delalande et de La Reynie faisaient un métier rude et hors du commun. Il fallait avoir le coeur bien accroché et un sacré courage pour traquer des personnes agissant de la sorte.
La marquise adressa à Alban un sourire plein de compréhension et de compassion.*

-Eh bien cher monsieur, je vous souhaite bien du courage de de la réussite dans vos tentatives. Car le Royaume de sa Majesté doit être débarassé de ce genre de vermine. Le Roi sera content de vous, pour sûr !

*Et de ponctuer cette phrase d'un petit sourire.*

-Et où donc continuerez-vous votre enquête?

Claude était si discrète qu'aucune des deux personnes présentes n'avaient l'air de se soucier d'elle. Elle avait parfaitement vu sa maîtresse écarquillé les yeux, et elle-même n'avait retenu un hoquet de frayeur que de justesse.
*Mais si Athénaïs veut arriver à ses fins, il faudra bien qu'elle y pense un jour....*
Claude essayait de passer la barrière impassible qu'offrait le visage de la favorite, afin de percer ses pensées. Elle était jolie, certes, mais même sa personne extraordinaire ne retiendrait pas le Roi toute sa vie, et il commençait déjà à lorgner d'autres femmes, plus jeunes. Il faudrait qu'elle lui en parle. Même si elle-même était effrayée, son pouvoir de persuasion convaincrait la belle de tout faire pour retenir le Roi. Elle se promit d'espionner un peu partout et de se faire plus attentive encore que d'habitude aux ragots en cuisines. Après tout, je fais sa b pour son bien! Mais pour l'heure, elle voulait connaître le fin mot de l'histoire.

*Alban regretta un moment d'avoir parlé de telles pratiques à la Marquise. Ce n'étaient pas des choses à raconter à une dame de bonne famille aussi distinguée... Il espérait ne pas trop l'avoir choqué. Et en même temps il n'avait pas tout dit, et c'était pourtant déjà trop. Il demanderait à ses collègues des conseils pour ne pas répéter ces mêmes erreurs quand il devrait revenir à la Cour... Si son chef le lui permettait bien entendu.
Il réfléchit à sa question un moment avant de reprendre. Il s'agissait tout de même des affaires de la police, mais elle semblait être une personne de confiance. Ce n'est pas elle qui irait tout dévoiler de leurs projets aux lieux indiqués.*

- Eh bien... Nous avons dans l'idée de faire d'autres perquisitions dans les bas-fonds... Après tout, ce sont des choses qui ne se font pas au grand jour. Nous avons déjà fait quelques petites recherches déjà, qui nous ont mené aux noms que nous avons trouvé. C'est vrai que c'est assez... glauque, je le reconnais. Mais nous faisons de notre mieux pour que cela cesse le plus vite possible.

*Il jeta un rapide coup d'oeil à Claude, qui restait calmement dans son coin. Elle pourrait faire une bonne intermédiaire. Discrète... presque insoupçonnable. Mais ce serait tout de même gros. Elle semblait bien innocente.*

Claude avait un oeil averti et repéra tout de suite le regard discret que lui jeta le policier. Elle n'eut aucun mal à comprendre à quoi il pensait et elle réprima un demi-sourire. Ah! s'il savait! Elle était insoupçonnable.... mais seulement dans un sens! Alban n'avait pas pênsé au fait que, si personne ne la soupçonnait d'être une intermédiaire avec la police, persone ne la soupçonnait non plus d'aller là-bas pour sa maîtresse! Néanmoins, elle se promit de faire de plus en plus attention et d'y aller plus tôt. elle devait également aller voir un de ses amis au théâtre pour qu'il lui fournisse de nouveaux costumes, elle avait déjà usé au moins une fois de tout les siens, et on se rappelle moins une personne qui y va une fois que celle qui y reviennent plusieurs fois. De plus, on la regardait beaucoup dans la rue, car même déguisée, elle avait un port de tête noble et une étinclle de mépris dans le regard, car elle oubliait souvent où elle était née, ou peut-être s'en rappellait-elle et méprisait ceux qui n'avaient pas su s'élever aussi bien qu'elle.

* Athénaîs surprit le léger coup d'oeil d'Alban, et se demanda à quoi il pensait. Avait-il remarqué quelque chose? Claude dans sa maladresse avait-elle éveillé des soupçons? De toute façon, la marquine n'avait rien à se reprocher... ou presque! Mais elle ne faisait rien de mal... Du moins elle essayait de s'en persuader. *

-Eh bien monsieur Delalande, j'espère de tout coeur que vos perquisitions vous amèneront à quelque chose de concret et que Sa Majesté aura de quoi être fière de vous. Le Roi n'apprécie vraiment pas la tournure que les choses prennent et aimerait que son royaume soit un exemple pour l'Europe. Il compte beaucoup sur la réussite des entreprises de Mr de la Reynie...

* Encourager les policiers, voilà la meilleure marche à suivre, d'autant que c'était vrai, les meurtriers de sang froid qui utilisaient des moyens aussi mesquins que le poison, voilà de quoi donner froid dans le dos, et le Roi se méfiait de plus en plus, malgré qu'il ne veuille pas se persuader que sa Cour regorge de personne aussi mal intentionnées. *

*Alban continua de regarder Claude un moment avant d'être rappelé à l'ordre par la voix de la Marquise. Il se fourvoyait sans doute. Il avait tendance à soupçonner tout le monde et n'importe qui dans cette enquête. Après tout, c'était le plus souvent ceux dont on ne se doutait presque pas qui étaient capables de commettre les pires attrocités. Mais en quoi le poison et des messes noires seraient utiles à la Des Oeillets ? Pour la Montespan ? Cela semblait totalement dérisoire. Il valait mieux pour lui qu'il se remette les idées en place le plus vite possible et qu'il cesse d'embêter la première personne venue.
Il jeta un rapide coup d'oeil à la petite pendule qui se trouvait dans la pièce. Cela faisait déjà un moment qu'il était là, et il ne voulait pas abuser du temps d'Athénaïs. Alors il la regarda et inclina la tête en se relevant.*

- Merci pour vos encouragements, Madame. Soyez sûre que nous ferons de notre mieux pour ne pas décevoir les attentes du Roi. Monsieur de La Reynie est conscient du poids qui pèse sur nos épaules, et il saura sans aucun doute déméler cette horrible affaire. Sur ce, je vais vous laisser. Je vous ai importuné un peu trop longtemps, et je ne voudrais pas vous faire manquer votre rendez-vous avec Monsieur Molière.

* Athénaïs, voyant Alban se lever, se douta qu'il souhaitait prendre congé. Elle se leva à sa suite, tojours dans des mouvements élégants, et le regarda dans les yeux. Rien sur son visage ne montrait l'inquiétude qu'elle éprouvait quant au fait que Claude avait failli se faire surprendre avec une fiole suspecte et compromettante entre les mains.
La marquise sourit au jeune policier.*

-Soit, j'espère avoir pu vous être utile, et si je puis vous apporter une aide quelqconque, n'hésitez pas à repasser me voir. Je suis flattée de la confiance que vous et Mr de la Reynie m'accordez.

* La favorite jeta un oeil à claude qui n'avait pas bougé... Après il faudra qu'elle s'entretienne avec elle, mais pour l'heure elle devait l'aider à terminer de la préparer pour son entrevue avec Molière.*

-Je vous souhaite un bon retour à Paris, cher Mr Delalande. Ne manquez pas de me tenir au courant de l'avancement de cette affaire.

*Et de lu emboiter le pas pour le ramener jusqu'à la porte d'entrée de l'antichambre.*