Le grand souper du Roi devait se clôturer à cette heure-ci, pensa le Comte de Chalais en passant devant une horloge recouvert d'or. Beaucoup de courtisans avaient désertés les couloirs et les salons pour assister au repas du roi. Il était facile de situer le Comte de Chalais dans le château de Versailles, il essayait toujours d'être là où une grande majorité des autres n'étaient pas.
Arrivé en haut du grand escalier, il entreprit de le descendre. Les courants d'air du Château lui réveillait la douleur de sa jambe, ce qui rendit sa descente plus difficile qu'elle ne pouvait déjà l'être. Les candélabres des couloirs libéraient une faible lueur. Quelques valets, de temps à autre, traversaient en silence les couloirs. Ils étaient si rapides d'exécution qu'il ne semblait pas remarquer le Comte et sa démarche lente.
On le voyait ainsi souvent errer les soirs d'hiver dans le château. Ses appartements au château étant difficiles à chauffer et la compagnie de sa jeune épouse, Marie-Gabrielle, dont la présence avant tout désirée par le Roi, usait très vite sa faible patience par sa simple compagnie. Sans parler d'une absence totale de confort. Les tensions à Paris l'empêchait de profiter selon ses désirs de son hôtel particulier habituellement agréable. Le château de Valençay, la principale demeure du Comte de Chalais, dont la grandeur lui évitait d'être confronté régulièrement à son épouse était loin, était trop éloigné de Versailles, le centre politique du Royaume.
Au gré de ses réflexions, il avait atteint le bas de l'escalier ...