* Entretien avec Van Haack * (Van Haack et qui veut)

* En effet, la colère de la favorite était à présent à son paroxisme, et si la personne située en face d'elle n'avait pas été le Roy de France, elle l'aurait certainement gifflée sans ménagement aucun. Mais qu'avait-il enfin? Elle lui répondit sur un ton des plus sec. *

-Allons bon, vous allez aussi me dire que son visage ne vous convient pas? Hum? Peut-être est-il un peu trop hollandais selon votre gout?

* Les arguments qu'avançaient Louis était tout simplement irrecevables, totalement dénués de logique, insensés et limite puérils. Mais pourquoi agissait-il de la sorte? Ne lui faisait-il pas confiance? *

-Enfin Louis, il s'agit de la santé de notre fils ! Pensez-vous sincèrement que je vous airais soumis la candidature de cet homme si je n'avais pas été intimement persuadée de ses qualités??!! Me faites-vous donc si peu confiance pour réfuter chacun de mes choix? Souvenez-vous que vous ne vouliez pas de la veuve Scarron, et pour finir il me semble que vous avez admis que mon choix était bon! Pour en revenir à Van Haack, oui je sais les dons qu'il a, je le connais depuis plusieurs années et si je dis qu'il peut soulager notre enfants, c'est que j'en suis persuadée et que probablement c'est la vérité!

* Elle secoua la tête d'un air désapprobateur et fit quelques pas en direction de Louis, tout en ne le lâchant pas du regard. *

-Vos raisons ne sont pas celles d'un père, et non plus Celles d'un Roy. Vous me voyez navrée de devoir vous dire cela, mais c'est pourtant vrai: vous m'avancez des prétextes insignifiants pour essayer de gagner du temps! Je vous connais! Et enfin, ne savez-vous pas que tous les courtisans font tout pour obtenir vos faveurs? Quand bien même vous auriez raison, il ne ferait rien de plus que tout un chacun en cette Cour! Sauf que cet homme-là a de réels moyens de vous servir !

* Relâchant un peu le ton agressif de sa voix, le caractère suppliant et implorant prit le dessus sur le mordant. *

-Je vous supplie de revenir à la raison Louis, nous ne pouvons plus attendre.

* Les larmes lui étaient montées aux yeux. Athénaïs était vraiment désespérée, elle savait que si Louis ne choisissait pas Van Haack, il lui faudrait des semaines pour trouver une autre personne digne de confiance et suffisamment douée en médecine pour trouver des solutions efficaces aux maux de l'enfant qui souffrait. Ne souhaitant pas se montrer en position de faiblesse, elle tourna violemment le dos à Louis afin qu'il ne voit pas ses larmes qui ne demandaient qu'à couler sur ses joues.*

* Athénaïs avait une sorte de boule au ventre qui la tenaillait tant que Louis s'obstinait à refuser que le marquis de Van Haack ne soigne Louis-Auguste, ou du moins essaie. Elle était là, dos à lui, folle de colère et à la fois de tristesse, ne sachant que fait de plus pour que l'homme qu'elle aimait ne retrouve la raison qu'il semblait avoir perdue, du moins c'était là ce qu'elle ressentait. Elle tremblait presque tant tous ces sentiments se chamboulaient. Elle le sentit passer ses bras autour d'elle, elle appuya sa tête en arrière contre son torse, mais elle restait toujours crispée.

Mais soudain, un miracle semblait avoir eu lieu: Louis l'avait écoutée et mieux, il avait compris et avait enfin accepté! Là, la marquise avait l'impression que tous ses soucis s'envolaient d'un seul coup ! N'en revenant pas, elle se retourna vers Louis, bouche bée, avec un grand sourire de satisfaction. Elle vint se blottir contre lui, le serrant fort contre elle, tout en fondant en larmes, mais cette fois, c'était des larmes de joie, de soulagement. *

-Oh merci, merci Louis ! Vous ne le regretterez pas, je vous le promets!

* Elle resta ainsi dans ses bras quelques instant, puis leva la tête vers lui et l'embrassa avec tendresse. Athénaïs était persuadée que Van Haack parviendrait à soulager les maux de Louis-Auguste, et cet espoir lui donnair du courage.
D'une voix un peu plus calme à présent, elle lui lança:*

-Souhaitez-vous lui annoncer la nouvelle, ou préférez-vous que je m'en charge?

* Son sourire ne quittait plus ses lèvres, tant elle était heureuse que le père de son fils ait enfin pris ce qu'elle jugeait être la bonne décision. *

* Louis fut heureux de voir Athénaïs sourir. Il lui carressa la joue et resta silencieux quelques instants. Après tout, le fait qu'elle s'occupe de ça lui enlevait déja un sacré poids. Il fallait qu'il s'occupe de cette affaire des Poisons qui n'avançait toujours pas malgré les efforts d'Alban Delalande et des autres policiers.*

- J'espère ne pas le regretter car j'en serais plus que deçu ma chère. Mais j'ai confiance en vous.

* Que lui aille annoncer la nouvelle à Van Haack ? L'idée n'était pas très bonne. Moins Louis voyait cet homme et mieux il se portait. D'ailleurs, il avait de la peine à imaginer son fils se faire soigner par cet hollandais mais il préféra ne pas réaborder le sujet de peur qu'une dispute reparte.*

- Je souhaiterais que ce soit vous qui le lui annonciez. J'ai du travail qui m'attend et je dois m'y rendre de ce pas.

* Du travail ? Bien sûr, Louis en avait toujours mais il fallait bien avouer que pour une fois le fait d'avoir du travail l'arrangeait quelque peu. Il était un peu débordé du fait qu'il avait beaucoup profité de voir ses enfants et sa Favorite. Il avait besoin de se changer les idées. Il lui embrassa le front. Comme il l'aimait !! Il aimait sa force de caractère, sa douceur, son esprit et la liste était encore longue.*

- Faîtes le revenir si vous le souhaitez car je vais devoir partir.

* Soulagée, Athénaïs souriait à Louis. Elle savait très bien qu'il avait prétexté avoir du travail pour ne pas se retrouver encore face à face avec Van Haack, ce qui l'amusa un peu malgré la situation. Ce que Louis pouvait être borné parfois ! Pire qu'un enfant! mais elle l'aimait et chacun avait ses petits défauts, même elle... *

-Vous n'aurez pas à le regretter, j'en suis certaine.

* Elle l'embrassa une dernière fois, puis li serra les mains entre les siennes, déposa un baiser dessus, puis les relâcha. *

-Certes, je vais le mettre au courant. Je vous laisse vous sauver. Nous retrouvons-nous ce soir? ajouta-t-elle avec un petit sourire.

* Elle regarda Louis s'éloigner et quitter la pièce, puis rappeler un valet en lui disant de faire revenir le marquis de Van Haack afin qu'elle puisse lui faire connaitre la décision de Sa Majesté. Ah, qu'elle était contente, le Roy avait accepté que Van Haack soigne Louis-Auguste, et Athénaïs était persuadée qu'il y aurait une amélioration suite aux soins que son ami prodiguerait à son fils.
Elle attendit patiemment que son ami reparaisse dans la pièce afin que de lui annoncer la bonne nouvelle, et surtout de s'excuser pour le comportement de Louis vis-à-vis de lui, qui n'avait pas été très digne, il fallait l'avouer.*