* Entretien avec Van Haack * (Van Haack et qui veut)

* En cette soirée des plus banales pour la plupart des courtisans, la marquise de Montespan venait d'avoir un entretien des plus sombres avec la gouvernante de ses enfants dans les jardins, à l'abri des regards. Françoise d'Aubigné s'inquiétait de la santé fragile des deux enfants que la favorite avait eus du Roy, et cette inquiétude s'était fort rapidement transmise à la marquise. Effectivement, déjà que le premier souffrait d'un mal indéterminé qui lui faisait avoir de la langueur tout le jour ainsi qu'une tête d'un volume disproportionné, le second, Louis-Auguste, semblait fiévreux et pleurait sans cesse. Il paraissait effectivement que son corps, particulièrement une de ses jambes, le fasse souffrir plus que de raison. Au début, la gouvernante avait pensé à une croissance précoce, mais il semblerait que ce mal ne soit point accoutumé aux enfants normaux. Il était bien difficile pour Athénaïs de savoir ses enfants souffrants, et si elle devait faire bonne figure à la Cour et faire mine d'ignorer tout ceci, comme si ces enfants n'existaient pas, en privé, elle souffrait énormément de tout ceci. Cependant, son caractère l'obligeait à se montrer forte et il fallait bien qu'elle n'inquiète pas le Roy, alors elle tâchait de trouver des solutions. Françoise l'avait priée de faire venir un médecin de la Cour, et avait poussé la fantaisie -ou la folie- à citer le médecin du Roy. Athénaïs avait bien entendu mis le hola, ramenant la dame Scarron à la raison. Elle lui avait néanmoins promis de parler à un médecin, lui demandant conseil pour ses petits, et l'avait rassuré en lui disant qu'elle lui écrirait mot pour mot ce que celui-ci lui aurait indiqué dans la marche à suivre pour les soins à prodiguer.

Cependant, son ami Antoine d'Aquin était introuvable. Probablement avait-il été appelé à Paris pour une urgence. Athénaïs était au désespoir: elle avait donné sa parole, son petit souffrait et Françoise se faisait même du soucis pour sa vie, ce qui ne laissait pas d'inquiéter la marquise. Aussi, elle avait fait convoqué son ami l'ambassadeur Van Haack, qu'elle savait avoir des connaissances poussées en médecine. Elle ne pouvait faire appel à n'importe qui, car les racontars allaient bon train, et il était inconcevable pour le moment que l'éxistence de ses enfants illégitimes soient connue de tous, elle aurait été au devant de grands ennuis avec son mari si ce fut le cas.
Aussi attendait-elle, un peu angoissée, l'arrivée de Niklaus, assise dans un des fauteuils de son salon, occupée à tortiller une de ses bouclettes, le regard perdu dans le vide. Le feu crépitait dans la cheminée. L'une de ses bonnes se tenait dans un coin, et semblait contaminée par l'angoisse de la marquise.

-Madame souhaite-t-elle une tasse de thé? risqua-t-elle d'une petite voix.

La marquise soupira.

-Je ne crois pas vous avoir sollicitée... Sortez donc, vous m'exaspérez!

La bonne sortit en hochant vivement la tête, finalement rassurée d'être congédiée. *

* Enfin, Athénaïs entendit des bruits de pas se rapprocher. Les personnes étaient à coup sûr le valet qui lui ramenait l'invité qu'elle avait sollicité. Aussitôt, tel un réflexe qu'elle avait depuis longtemps et qui s'était aiguisé en s'étant rapprochée du Roy, elle se leva de son fauteuil et s'arrangea machinalement devant un miroir. Ses cheveux étaient parfait, sa tenue également, tout comme son maquillage. Une apparence parfaite pour sublimer une Cour parfaite, telle était son devoir.

Son ami Niklaus Van Haack entra, précédé du valet qui s'était courbé si bas que son nez eut pu toucher le sol. Elle le chassa d'un geste de la main, avant que de s'approcher de son ami pour le saluer. Elle lui tendit délicatement sa main, avec un petit sourire courtois sur les lèvres. *

-Niklaus, c'est toujours un plaisir que de vous recevoir. Merci à vous de vous être déplacé.

* La favorite royale planta son regard azur dans celui de son interlocuteur, l'invitant à se relever. *

-Si je vous ai fait mander aujourd'hui, c'est que j'ai un service d'ordre personnel à vous demander. Je fais appel à vous en ce jour car vous avez toute ma confiance, et j'ose espérer que vous saurez faire preuve de discrétion si je vous le demande.

* Son ton restait amical, mais son regard se faisait insistant. Elle avait tant besoin que l'embassadeur lui rende le service pour lequel elle l'avait fait venir. Il était vrai aussi qu'il était en droit de refuser, mais elle comptait vraiment sur son amitié et sa bienveillance. *

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* La marquise fut rassurée de savoir que son ami était toujours d'une bienveillance à tout épreuve et qu'il l'aiderait quelle que soit la demande. Elle le regarda, esquissa un petit sourire à sa tirade, baissa la tête une seconde puis l'attrapa par le bras pour le faire asseoir avec elle sur un sofa de velour vert foncé. *

-Vous n'êtes pas sans savoir que Sa Majesté et moi avons eu deux enfants. Je ne saurai dire si le destin, ou Dieu, s'acharne sur nous, mais ces deux petits sont souffrants. Ma gouvernante me presse de lui faire venir un médecin de la Cour car elle ne sait plus que faire pour les soulager de leurs maux. J'ai essayé de demander des conseils à Mr d'Aquin, mais il semble que rien n'y fasse. Vous comprenez bien que nous ne pouvons nous permettre de faire venir là-bas une personne qui pourrait malencontreusement révéler le secret de leur existence. Si mon mari venait à l'apprendre...

*Elle ne continua pas sa phrase, se mordant la lèvre inférieure. Puis elle reprit après quelques secondes. *

-Je crois savoir que vous avez de solides connaissances en médecine... Aussi, je souhaiterais que vous vous rendiez rue Vaugirard pour les examiner.

* Les yeux de la marquise étaient à présent remplis de larmes. Rien que le fait d'évoquer les souffrances de ses enfants la plongeait dans un état de sensibilité intense. *

* Athénaïs était ravie quelque part d'avoir un ami aussi dévoué et serviable que pouvait l'être Niklaus. Elle fit signe d'un claquement de doigts à sa bonne Claude de leur ramener du thé. Après tout, même en de pareilles circonstances, il fallait savoir recevoir.
Ensuite elle reporta son attention à son ami qui lui demandait des précisions. La marquise tâcha de se rappeler mot pour mot ce que lui avait dit Françoise. Il ne fallait rien omettre, elle s'en était fait la promesse. *

-Eh bien mon petit Louis-Auguste, âgé d'un peu moins d'un an, semble se tordre de douleurs qui ne le quittent plus, à en croire sa gouvernante. Et son pied semble anormalement formé. La gouvernante s'inquiète beaucoup pour ses jours et cela ne laisse de m'attrister, je ne sais plus que faire. Pourtant elle m'assure qu'il est toujours bien couvert, qu'il n'a rien contracté de douteux et qu'il mange bien.

* Elle se mordit la lèvre, réfléchissant à ce qu'elle aurait pu oublier, mais il lui sembla qu'elle avait plutot bien relater les dires de son amie et employée Françoise. La favorite regarda Van Haack, espérant qu'il aurait des solutions à apporter. *

-Avez-vous déjà été confronté à de tels maux pour un enfant aussi jeune?

*Il était vrai que la chose était peu commune. Mais Athénaïs avait toujours l'espoir que chaque problème avait une solution. *

* La marquise sentit un poids s'ôter de son coeur et l'alléger lorsque Van Haack dit qu'il connaissait ce genre de pathologie, et qu'à défaut de l'enrayer, il était en mesure d'alléger les souffrances de son petit.
Athénaïs se voyait déjà en train d'écrire cette bonne nouvelle à Françoise, et un léger sourire de satisfaction et de soulagement vint orner ses lèvres rosées. *

-Fort bien ! Quand vous et votre ami pourrez-vous vous rendre sur place?

* Aussitôt, la favorite se saisit d'une plume qui était disposée sur un coin de la table basse, la trempa dans l'encrier et écrivit sur l'un des quelques parchemins qui accompagnaient le kit d'écriture.
Elle s'empressa d'écrire l'adresse rue Vaugirard à Paris où logeait la veuve Scarron ainsi que ses enfants, logement modeste mais fort bien arrangé, afin que ses enfants grandissent dans le plus grand secret et à l'abri. *

* La marquise était plus que soulagée, son ami allait pouvoir examiner la situation dès aujourd'hui. Néanmoins, il faudrait encore l'approbation du Roy, car celui-ci voulait avoir regard sur tout ce qui touchait ses enfants, et lorsqu'Athénaïs lui avait parlé de l'entretien qu'elle aurait avec Van Haack, il avait formulé le souhait de le rencontrer également. *

-Voilà qui est très bien monsieur. Encore une chose. Sa Majesté souhaite, j'ignore pourquoi, vous ne toucher deux mots, aussi le Roy va-t-il nous rejoindre d'ici quelques instants.

* La favorite ne savait comment Van Haack prendrait la chose. D'aucun serait flatté de rencontrer le Roy en entretien privé en plus de se voir confier une mission d'importance presque par lui. Mais elle avait toujours eu du mal à cerner la relation qui existait entre les deux hommes. Louis voulait se montrer prudent, elle aussi, mais il fallait bien que quelqu'un aille voir ce qu'il en retournait du coté de la rue Vaugirard, on ne pouvait rester sans rien faire. L'angoisse prenait Athénaïs chaque fois qu'elle y pensait: pauvres petits. Elle essayait de ne pas pensez à eux lorsqu'elle était en public, avec la Reine ou d'autres courtisans, mais aussitôt seule, il lui arrivait de pleurer en lisant les lettres de Françoise d'Aubigné, lui relâtant les maux de ses enfants. *

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* La marquise de Montespan ne fut pas surprise de l'arrivée du Roy à ce moment-là, et à l'annonce du valet, se leva en même temps que Van Haack et s'inclina légèrement.
Louis prit sa main et y déposa un baiser, ce à quoi la marquise sourit. Elle caressa la joue de Louis discrètement pendant qu'il était encore penché sur sa main, puis le regarda avec un sourire. *

-Mon ami, Monsieur Van Haack nous sera d'un grand secour, j'en suis certaine.

* Le ton de sa voix se voulait rassurant. Elle ne voulait pas que Louis s'inquiète, Athénaïs savait qu'il avait déjà beaucoup de soucis avec les affaires de l'Etat et cette sombre histoire de poisons qui commençait à faire rage au sein de la cour, après le décès de Madame et de Marie de Nemours, et canalyser les craintes des courtisans n'était pas une mince affaire. Aussi essayait-elle toujours de le rassurer et de lui faire entendre que la situation était sous contrôle.
Elle se tourna vers l'ambassadeur avec un sourire amical et l'encouragea à expliquer à Louis ce qu'il lui avait dit avant. *

-Monsieur Van Haack, dites donc un peu à Sa Majesté ce que vous m'expliquiez à l'instant.

* Assurément que de savoir que ce monsieur pourrait ce rendre ce jour-même auprès de Louis-Auguste rassurerait Louis, car enfin peut-être que l'enfant serait débarassé de ses maux sans délais. *

* Athénaïs ne comprenait pas la méfiance de Louis. Elle qui avait toujours espoir et qui priait toujours, se disait qu'il y aurait forcément une solution. Et peut-être que Van Haack était justement cette solution? Pourquoi pas, puisqu'il disait avoir des idées, pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout? Que risquaient-il?
Elle regarda Louis d'un air un peu sévère. Elle ne comprenait pas ce qu'il avait à vouloir le piéger, ce pauvre homme qui avait eu la sympathie de venir jusqu'ici pour les aider. *

-Je pense que Mr Van Haack est digne de confiance, et s'il dit avoir quelque idée pour soulager notre fils, je souhaite vivement le voir essayer. Qu'avons-nous à perdre?

* Elle tourna ensuite un regard bienveillant en direction de Niklaus afin que de le rassurer, car elle se doutait de sa nervositer: être en face du Roi et le voir dire des choses aussi directes était sans doute intimidant. La favorite encourageait de marquis à exposer ses idées de façon à prouver au Roi qu'il était capable d'effectuer ce qu'il disait. *

* Louis l'écouta avec attention. Un secrétaire ? Van Haack voulait encore faire venir une personne supplémentaire ? Louis n'en revenait pas, l'existence de son fils , et de ses autres enfants, devait rester secrète. Pourquoi ne paa faire venir toute la cour de Hollande tant qu'on y était ?.*

- Monsieur, il est question de votre personne et c'est tout. Je refuse que quelqu'un d'autre vous accompagne. Je n'ai déja pas vraiment confiance en vous alors si vous ramenez vos proches cela risque de me contrarier fortement.

* Il regarda sa Favorite . Oui il l'avait dit, il n'avait pas confiance en ce Van haack et ne savait pas expliquer pourquoi. Avec certaines personnes, le courant ne passait pas et bien il en faisait partie. Louis allait quand même le laisser intervenir puisque c'était là le voeu de sa Favorite, mais il allait le surveiller de très prêt et il n'hésiterait pas à le faire enfermer ou à le renvoyer en Hollande au moindre faux pas.*

hj : Je suppose que c'est au tour du roy?