* La symphonie d’une marche claudicante se fit entendre dans les dédales des couloirs de Versailles, dont la mesure était battue par une canne de bois frappant le sol d’un rythme presque inquiétant en cette soirée. La clarté des bougies faisait serpenter l’ombre de Chalais sur les dorures et les boiseries qui ornaient les murs des couloirs qu’il traversait. Son pas s’accéléra pour s’empresser de se rendre dans l’Antichambre du Roi. Il hantait maintenant les appartements du beau château dans l’ombre du Roi Soleil, un fantôme de l’histoire du Grand Roi, au passé troublé et à l’avenir trop sombre pour être éclairé par la gloire du Roi Soleil.
Le pauvre ministre des Affaires Étrangères que le Roi baladait selon son bon plaisir, tantôt honoré, tantôt insulté, s’était vu retiré l’espoir de rejoindre son hôtel particulier dans Versailles à peine après avoir eu le temps de faire quelques pas dans la Cour de Marbre. Juste le temps de griffonner quelques mots pour s’excuser auprès de la plaisante compagnie d’une Comtesse qui devait l’y attendre et dont il appréciait l’esprit qui alimentait de longue soirée de conversation. Il avait chiffonné finalement le bout de papier pour mieux exciter la curiosité et l’impatience de la jeune femme.
Dans le château, le calme avait succédé au ballet de la nervosité retenue du Grand Souper. L'évènement semblait avoir inspiré le Roi à convoquer son Secrétaire d’Etat pour une affaire qui selon les mots répétés par un officier de la Maison du Roi « ne pouvait souffrir d’aucun retard ». Le Comte de Chalais tant de fois surpris par le Roi ne s’était pas fatigué l’esprit à se questionner sur les raisons de cette convocation tardive.
La canne de Chalais se tût quand il parvint devant la porte de l’Antichambre du Roi. Il tendit l’oreille et put entendre la voix du laquais qui annonçait sa présence au Roi. *