seule (PV : maman)

*Louise s'était levée tôt, et était allée au service de la reine, comme tous les jours. Mais celle-ci n'ayant plus besoin d'elle, elle lui avait conseillé d'aller s'occuper de sa fille. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la reine de France ne semblait pas en vouloir autant à Louise qu'à Athénaïs de prendre la place qu'elle devrait occuper. Et elle était toujours très gentille avec Marie-Anne, depuis que celle-ci était arrivée à la Cour.

Louise se retira donc dans ses appartements pour mettre une tenue plus légère qui lui allait à ravire, et elle se dirigea vers les appartements de sa fille, collés aux siens. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle apprit que les femmes de chambre avaient laissé la petite sortir seule ! Au début elle paniqua un peu, puis elle se ressaissit lorsqu'on lui apprit où était allée sa fille. Elle s'y dirigea donc, et s'approcha doucement de sa fille.*

-Bonjour, Marie-Anne ! Sont-ce là les manières d'une jeune fille de la Cour ?

*Dit-elle en riant et en se penchant pour embrasser sa fille. Puis elle la prit par la main, et l'entraina au milieu des allées d'orangers, splendides et sentant admirablement bon.*

*Louise, comme à chaque fois qu'elle se promenait ici, se souvenait des longues balades qu'elle y faisait avec le roi, lorsque celui l'aimait encore, ou même un peu après, avant qu'il ne l'oublie, pour cette Mme de Montespan...
Comme toujours dans ce lieu, ses pensées allaient au couvent, un lieu qui paraissait sordide, mais qui ne pouvait l'être autant que cette Cour, où elle avait toujours eu peu d'amies, mais beaucoup d'ennemies.
En présence de sa fille, elle s'interdit ces pensées, et se força à sourire, puis à redevenir joyeuse.*

-C'est un lieu magnifique, et tout le monde aime s'y promener. C'est l'un des rares points communs qui unit les courtisans. Mais c'est aussi le lieu où se retrouvent les tourtereaux...

*Dit-elle en avisant un couple de jeunes gens. Ils lui rappelaient son enfance, lorsqu'elle vivait avec sa famille et ses amis, et qu'ils jouaient des journées entières dans les champs... Mais ce temps était révolu depuis de nombreuses années, et elle n'avait plus revu la plupart de ses amis paysans depuis son départ pour Versailles.
Elle continua sa promenade avec Marie-Anne, lui faisant sentir les arbustes, lui montrant les jeunes pousses...*

-Voyez celle-ci Marie-Anne ! N'est-elle pas mignone ?

*Elle s'agenouilla devant un tout petit arbre portant une toute petite et unique orange. Cela arrivait parfois, que les premières floraisons de certains arbustes soient si petites, mais à chaque fois, cela ravissait Louise.*

*Louise continuait à avancer tranquillement avec sa fille dans ce lieu qu'elle aimait tant. Qu'elle que soit la personne qui l'accompagnait, elle prenait toujours énormément de plaisir. Elle avait toujours été proche de la nature, et les jardiniers de Versailles faisaient des miracles.
Puis lle rit doucement en entendant sa fille parler de ses futurs amants.*

-Et bien, Marie-Anne ! Croyez-vous que votre rang vous laissera avoir des amants ? Une princesse n'a pas le temps d'en avoir. Et le roi votre père ne vous laissera certainement pas faire. Il vous faudra vous cacher, pour voir vos amoureux. Et puis un jour vous serez mariée. Mais vous avez bien le temps de penser à tout cela ! Profitez de la liberté que vous accorde votre jeune âge...

*Cela lui faisait du mal de savoir qu'elle ne verrai pas grandir sa fille auprès d'elle. Elle savait que quand celle-ci serait en âge d'avoir des amants, Louise ne le saurait pas. Et elle n'assisterai pas au mariage de sa fille. Mais sa décision était prise, elle irait au couvent. Elle ne savait pas quand, mais elle finirait par y aller. La vie à la Cour était bien trop difficile, chaque journée apportant de nouveaux problèmes. Ceci dit, elle ne pouvait se résoudre à quitter ses enfants. Pas tout de suite.*

-C'est rare, mais c'est à cette époque de l'année que l'on peut en voir. Il faut venir régulièrement pour les voir pousser ! On finit même par s'y attacher ! dit-elle en riant.