En voiture! [PV: Van Haack]

Une voiture attelée par quatre chevaux ralentit face à l’entrée de la cour de marbre là où défilaient tous les jours les cortèges habituels des nobles et des courtisans. Le Comte de Chalais quittait lentement le vestibule du Château. La matinée laissait doucement place à la seconde partie de la journée, un soleil brumeux tentait de bercer à travers les nuages lourd de l’hiver.

Le premier diplomate du Royaume de France sortait pour capturer un moment précis: la sortie de Van Haack, l’ambassadeur des Provinces-Unies. Depuis que l’attaché Hollandais résidait à Versailles, les deux hommes n’avaient pu échanger que quelques paroles légères lors d'évènement public, n’offrant rien de concret et d'engageant. Des paroles partagées avec une amabilité respectueuses. Qu'il ait reçu ou non des ordres du Roi, le Comte de Chalais ne s'empressait pas de satisfaire quelques intentions précises dans le déroulement de cette nouvelle rencontre que pourtant Chalais espérait comme décisive.

Un laquet du Comte attendait déjà au bout de la cour en lui ouvrant la porte de sa voiture. Alors qu’il faudrait plusieurs minutes au Comte boiteux avant de l’atteindre. Il s’appuyait sur sa canne à chaque pas qu’il faisait. Et il ne semblait guère vouloir s'empresser malgré la fraîcheur de la cour. Cette marche ralentie lui offrait davantage de temps pour obtenir cette rencontre désirée afin qu'elle paraisse tout à fait hasardeuse. Il tendait subtilement l'oreille à toutes manifestations pouvant affirmer la présence de Van Haack.

Et en effet, après avoir pris congé de son amie et bienfaitrice la marquise de Montespan...
Son excellence Van Haack se dirigeait désormais en direction de la grande cour du château, en compagnie de son secrétaire particulier, Rodolph Van Hayden.

Tout en marchant d'un bon pas vers le carrosse qui les attendait non loin de là.

Les deux hommes devisaient sur la maladie dont semblait frappé les enfants de la marquise, et s'apprêtaient, justement à se rendre au chevet de ceux ci, rue de Vaugirard, à Paris.

Et en chemin, l'ambassadeur et son ami croisèrent le comte de Chalais...
Le hollandais manifesta ainsi sa présence :

-Monsieur le comte!
Je vous salue!

Même si le ministre du roy lui tournait le dos, celui ci reconnaîtrait certainement l'accent si particulier, et pas forcément très apprécié ici, du représentant des Provinces Unies.

Van Haack finit par se manifester, il reconnut sans doute le Comte à sa démarche boiteuse, s'appuyant fortement sur sa canne. Bien que comme le Comte lui-même, il ne bénéficiait pas d'un accueil des plus chaleureux à Versailles, l'ambassadeur hollandais prit un ton bien familier. Il méritait bien, toutefois, la fonction d'ambassadeur ainsi avait-il réussit à se lier à la sulfureuse Marquise de Montespan. Suite à aux salutations, le Comte de Chalais se tourna lentement vers Van Haack, adoptant une expression courtoise.

- Moi de même, ambassadeur Van Haack. Ses salutations furent suivit par une légère révérence du Comte.

- Je suis ravi que le hasard ait réussi à nous placer à cet instant précis. Déclara t-il d'une voix forte, il entama quelques pas pour se diriger à sa rencontre s'appuyant toujours sur sa canne.

Van Haack s'inclina devant le très respectable messire le comte, et son secrétaire fit de même...

En effet, rencontrer ainsi l'un des plus imminents personnages de cette cour lui paraissait être une véritable aubaine!
En outre se gagner les bonnes grâces du ministre des affaires extérieures pourrait s'avérer tout à fait crucial...
En plus de l'atout Montespan, de Chalais pouvait aider le hollandais à améliorer ses relations personnelles avec le Roy.

-Je suis heureux de pouvoir vous parlez, cher monsieur!

Je vous présente mon secrétaire particulier, Rodolph Van Hayden!

A ces mots le beau jeune homme s'inclina de nouveau...

-En tant que principal interlocuteur des ambassadeurs de cette cour, et moi même représentant d'une grande nation, nous nous devions de notre rencontrer.

Mais dites moi, comment se porte sa majesté aujourd'hui?

Un peu de courtoisie et même d'amabilité, en préambule d'une conversation, ne faisait jamais le moindre mal...

Les deux hommes se présentaient l’un à l’autre pour recouvrir finalement un intérêt personnel dont le point d’honneur s’avérait être, pour chacun, le Roi. Van Haack se devait d’entrer dans la confiance du souverain et, Chalais, de la mériter afin de mieux asservir son ambition grandissante dans la politique royale. Il ne salua que brièvement le secrétaire de l’ambassadeur Hollandais, ne se limitant qu’à une politesse restreinte, qu’il préférait plutôt sauvegarder pour Van Haack.

Van Haack, par pur hasard ou par intérêt, enchaîna rapidement sur le sujet du monarque. Auquel le Comte de Chalais prit savamment le temps d’y répondre.

- Hier encore, fort bien, politiquement parlant bien sûr. Le Comte marqua une pause et invita Van Haack à reprendre sa marche. Bien que vous deviez déjà être persuadé que si un quelconque mal rongeait le Roi, ce n’est pas le diplomate qui le sert qui vous en ferrait la confession. Fit remarquer le Comte de Chalais avec un sourire.

- Et puis-je à mon tour vous demandez comment se porte Madame la Marquise de Montespan?

Van Haack et son secrétaire, à sa suite, reprirent donc le chemin vers leur voiture, en compagnie du comte de Chalais...
L'ambassadeur nota la prudence de son interlocuteur, à propos de l'état de santé du roy, et répondit sans hésiter à son sourire.Avant de répondre tout court :

-Il est possible de faire allusion à certains évènements sans pour autant entrer dans les détails, j'imagine...
Mais si l'humeur de sa majesté est bonne, la France peut donc respirer!

Dire l'essentiel sans entrer dans les détails...Voilà l'exercice dont allait devoir se livrer à présent le marquis :

-J'ai trouvé madame la marquise en bonne forme...
Comme à son habitude enjouée et radieuse.
Bien que je soupçonne quelques tracas intérieurs de la tourmenter...
Elle ne s'est pas confiée à moi.
Mais les femmes sont ainsi, toujours à masquer leurs états d'âmes derrière...leur légèreté!
Réelle ou apparente.

Et le badinage n'était point réservé à la gente féminine...

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