Et par ici, qu'y a-t-il ? [PV Manon]

*Rester discret et faire comme si de rien n'était. Tels étaient les principes d'un bon enquêteur. Alban jeta un rapide coup d'oeil dans la ruelle. Rien de spécial de ce côté. Il soupira. Il espérait qu'il ne ferait pas chou blanc cette fois. Il avait déjà tant arpenté ces rues... sans rien trouver. Mais il ne désespérait pas. Il passa sa main dans ses cheveux pour les ébouriffer un peu plus. Les gens avaient-ils devinés qui il était en réalité ? Pourtant, son déguisement était parfait. Habillé comme un homme des bas quartier, il aurait été difficile de voir qu'il travaillait sous couverture.
Il s'adossa contre un mur et jeta un rapide coup d'oeil sur un bout de papier. L'adresse était la bonne. Selon plusieurs témoins, il y aurait eu des activités suspectes dans les environs. Certains avaient même parlé de sorcellerie. Cela constituait tout de même une piste pour les affaires sombres qui se déroulaient à Versailles. En tout cas, il devait essayer de trouver de quoi continuer les investigations.
Il jeta un coup d'oeil aux personnes qui passaient. Qui aurait l'utilité de se servir de sortilèges et de potions ? Il était à l'affut du moindre geste suspect.*

*Alban était toujours dans ses réflexions lorsqu'il entendit une voix féminine. Il releva la tête et vit Manon sortir d'une maison. Elle ne semblait rien avoir de très extraordinaire... pourtant, elle pourrait toujours être utile. Si elle habitait là, peut-être avait-elle été témoin de quelque venue étrange par ici. Il commençait à connaître Paris. Si un étranger s'aventurait quelque part, il ne passait pas inaperçu aux yeux des gens, ça non.
Elle passa devant elle, semblant l'avoir totalement ignoré. Son déguisement n'était peut-être pas si mauvais que cela. Mais là, il fallait laisser de côté l'aspect discret et s'avancer pour récolter des informations de la manière la plus subtile possible.
Il se redressa et commença à marcher vers Manon. Il était temps pour lui de s'inventer un nouveau personnage.*

- Mademoiselle ? Excusez-moi...

*Il alla devant elle et inclina la tête en guise de salut.*

- J'espère ne pas vous importuner mais... est-ce le bon endroit ? J'ai l'impression de m'être trompé... Tout se ressemble ici.

*Il lui présenta alors son papier avec l'adresse. Il savait d'expérience qu'une conversation quelconque pouvait amener à de sacrés renseignements.*

*Alban rangea le papier dans sa poche avec un sourire. Il avait de la chance. Il n'était pas tombé sur une de ces personnes acariâtres qui n'attendent même pas que vous ayez fini votre phrase pour vous envoyer promener. Il s'en voulait déjà de mentir à une si charmante personne, mais il avait une mission qu'il lui fallait mener à bien. Il inclina encore la tête.*

- Merci beaucoup... Il faut dire que je ne voyais pas du tout l'endroit comme ça... Alors on est jamais trop prudent.

*Il tourna la tête pour faire mine d'observer attentivement les environs. Il l'avait déjà fait une dizaine de fois et aurait pu à présent décrire l'endroit dans ses moindres détails, mais cette jeune fille ne le savait pas. Il devait continuer ce petit jeu jusqu'à ce qu'il obtienne toutes les réponses voulues.*

- C'est sacrément calme. Y a pas un chat qui traîne. C'est toujours comme ça ?

*Il avait besoin d'en savoir plus sur les différentes allées et venues des gens. Peut-être avait-elle remarqué quelque chose d'inhabituel.*

*Alban l'écouta avec attention. Chacun pour soi ? Allons bon... Questionner les voisins ne mènerait donc nulle part. En même temps, si tout était si facile, les affaires seraient vite réglées et il n'aurait plus de travail. Un peu de difficulté n'allait tout de même pas le faire reculer ! Mais trop... "Du nerf, Alban !", se dit-il intérieurement. Beaucoup de gens comptaient sur lui, il n'allait pas se défiler !
La rue avait mauvaise réputation. On ne lui avait donc peut-être pas menti sur les étranges venues dans le quartier. Ce genre d'endroit était le lieu rêvé pour quelque transaction des plus douteuses. Trafic de fioles sans doutes... et pas de l'eau bénite ! Alban avait du flair pour tomber sur ce genre de choses... peut-être trop. A tous les coups, il aurait des ennuis un jour à cause de cela. C'était pour ça qu'il se déguisait. Si on le reconnaissait dans tous les endroits come celui-ci, il se ferait repérer... et le sort qu'on réservait aux gêneurs ne l'inspirait pas plus que cela.

A sa dernière remarque, il regarda Manon avec calme, puis haussa un sourcil en guise de questionnement. Mieux valait jouer celui qui ignorait tout. Et pour ce petit jeu, il était fort... très fort.*

- Je viens de loin pour rendre visite à un ami. C'est lui qui m'a donné ce papier en disant que je trouverais ici une auberge pas chère... mais visiblement il n'a pas mis les pieds dans ce coin depuis un moment. J'ai plus qu'à aller chercher ailleurs. Quant au Gouvernement, j'ai entendu parler de certaines choses. Des affaires d'empoisonnements, il m'a dit l'ami. Mais je ne pense pas que je risque grand'chose. J'ai que trois pièces sur moi, je ne vois pas qui voudrait me tuer pour ça.

*Il jeta un coup d'oeil à la rue et prit un ton détaché.*

- Maintenant, si vous me dites qu'il y a des choses suspectes, je vais ptêtre pas m'attarder. J'tiens quand même à ma peau.

*Alban fronça un sourcil. Avait-il fait ou dit quelque chose de mal ? En tout cas, il avait éveillé les soupçons de cette jeune fille. C'était son jour, décidément... Mais il ne comptait pas baisser les bras. Il la fixa calmement, restant de marbre. Ne pas se laisser impressionner, et même si la peur nous prend, ne pas la montrer. Garder son sang froid avant tout pour rester maître de la situation. Les mots de La Reynie étaient toujours ceux à respecter. Alors il s'efforçait de les suivre.
Cependant, son regard avait quelque chose d'étrange... de déroutant même. Il ne connaissait pas cette nuance de couleur pour des yeux. Il essaya de ne pas montrer son étonnement et se contenta de répondre calmement.*

- Des bricoles ? Il y a donc des choses pas très nettes par ici ?

*Elle semblait vraiment lunatique. Elle changeait du tout au tout, redevenant calme et aimable. Décidément, il sentait que cette jeune fille ne cesserait de l'étonner.
Il la regarda s'éloigner de quelques pas, mais il la rattrapa aussitôt. Elle savait des choses, il le sentait. Et il fallait qu'il trouve quoi.*

- Une seconde... Qu'est-ce que vous voulez cacher ? Je suis sûr que vous êtes au courant de quelque chose. Y aurait-il quelque échanges de mauvais principes dans les environs ?

*Alban fronça un sourcil. Cette petite n'avait pas froid aux yeux... Et son comportement parlait pour elle : si elle ne savait rien, elle l'aurait dit, très calmement. Au lieu de cela, elle s'était énervée en émettant toutes sortes d'hypothèses pas si fausses que ça. Elle avait du flair, cette inconnue si pressée de lui fausser compagnie.
Il lui fit signe de baisser d'un ton en posant son doigts sur ses propres lèvres, en émettant un "chut" discret. Pas besoin de crier cela sur tous les toits. Il avait assez de soucis comme cela sans qu'on vienne révéler à tous les gens des quartiers mal famés qui il était. C'était le meilleur moyen de se faire épingler dans une ruelle sombre. Quoique... il aurait été pour lui sans doute facile d'échapper à ça qu'à un sortilège ou une fiole de poison.

Il regarda Manon et inclina la tête en souriant légèrement.*

- Vous êtes perspicace. Mais voyez-vous, mademoiselle, je ne fais que mon métier. Et je dois dire que votre réaction est des plus suspectes. Mais vous avez de la chance, je ne suis pas du genre à envoyer les gens dans une cellule pour de simples mots.

*Il la fixa. Peut-être était-elle déjà bien impliqué.*

- De quoi avez-vous peur, si vous êtes innocente ?

*Alban parut plus sérieux. Inutile de se cacher plus longtemps devant Manon. Mais il était tout de même embêté. Il aurait préféré que son déguisement fonctionne et que personne ne se doute de sa venue ici. Il allait devoir en faire rapport à La Reynie, et il voyait déjà d'ici la scène. Le lieutenant général allait lui passer un sacré savon. Il n'était pas pressé d'y arriver.
Il regarda Manon et s'inclina.*

- Sergent Alban Delalande, au service du Roi.

*Il soupira et l'écouta. La situation n'avait pas l'air facile pour elle. Mais il n'était pas là pour avoir de la compassion.
Il la fixa calmement avant de répondre. Il fallait qu'il ait ses réponse, absolument. Sinon, tout son travail irait à l'eau.*

- Je cherche des réponses... Des preuves pour permettre d'arrêter les trafics les plus inavouables. Nous vivons une époque dangereuse, et je suis là pour rétablir un peu de sécurité. Alors, si jamais vous savez quelque chose, il est dans votre intérêt de me dire ce que vous savez.

*Alban haussa un sourcil. Bosse, Bosse... cela lui disait quelque chose. Sur la liste qu'il avait découvert chez cette vieille folle. Une des personnes qui visiblement était en contact avec elle. "Labosse", y avait-il marqué. Pouvait-il y avoir un lien quelconque ? Cela semblait trop beau, et pourtant... on pouvait toujours espérer. Il rangea cette information dans un coin de son esprit avant de l'observer plus en détail.
Elle n'avait pas l'air de tremper dans ce genre de malversations pourtant... Elle était jeune, gentille, plutôt jolie... Non, ça il avait du mal à la voir en train de concocter quelque sortilège.*

- Enchanté Mademoiselle...

*Sa réponse l'étonna. Elle ne pouvait pas être coupable si elle voulait l'aider. Enfin, il voulait croire cela. Elle n'avait pas l'air de mentir, ni de cacher son jeu. Il essaya de se reprendre. Pourquoi chercher le mal partout ?*

- Une condition ? Laquelle ?

*Il était pressé d'entendre cela.*

*Alban n'arrivait pas à y croire. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de bucher ? Il n'avait jamais vu quelqu'un se servir de cette méthode moyenâgeuse mais il avait entendu dire dans les couloirs que le Roi pensait appliquer cette peine à tout ce qui pouvait ressembler à une sorcière. Se pourrait-il que Manon ?...
Il la fixa sans trop comprendre. Elle ? Une sorcière ? Impensable... Elle était plus jeune que lui ! Et elle avait un visage si angélique... comment diable aurait-elle pu faire le moindre mal à quelqu'un ? Elle divaguait sans doute. Mais elle semblait si sérieuse en lui disant cela. Il ne savait plus quoi croire.
Il resta silencieux avant d'esquisser un sourire.*

- Mademoiselle, je ne vois pas quels faits ni quelles raisons me pousseraient à vous affliger un sort aussi atroce qu'inhumain... Mais s'il n'y a que cela pour vous faire plaisir, soit, je vous promets que je ne vous exposerai à aucun fagot ou autre matière combustible.

*Puis il haussa les épaules, visiblement amusé.*

- Et franchement, merci pour votre protection... Mais je ne vois pas qui aurait intérêt à m'éliminer par ici. N'est-ce pas ?...

*Il jeta quand même un regard par dessus son épaule. Il n'avait jamais vraiment pris au sérieux le fait d'être un jour la cible d'un attentat quelconque. Mais en une phrase, Manon avait fait naître de sérieux doutes...*

*Alban avait envie de comprendre Manon. Elle semblait craindre quelque chose, mais elle semblait aussi savoir des choses qu’il ignorait. Le policier ne souhaitait qu’une chose : comprendre. C’était d’ailleurs là le but de son métier. Résoudre une affaire ne valait rien si on ne comprenait pas la raison qui avait poussé à cette enquête. En comprenant, on évitait que le pire ne se reproduise.
Et en effet, il croyait que personne ne serait assez bête pour s’en prendre à un représentant de l’ordre dans l’exercice de ses fonctions, même sous couverture. C’était le meilleur moyen de faire grandir les soupçons. Alban ne manquait jamais de signaler où il se trouvait, au cas où les choses tourneraient mal. Même s’il espérait que jamais les choses ne tourneraient mal. Hélas, ces temps-ci les gens avaient tendance à oublier la logique et à foncer tête baissée. Lui-même s’en rendait coupable quelques fois. Et il fallait qu’il soit prudent avec cela, car selon les personnes qui se trouvaient en face, cela pouvait tourner à son désavantage.
Autre chose qu’il fallait savoir : Alban ne croyait pas du tout à toutes les manifestations magiques. Fantômes, contrôle de la nature… Tout cela n’étaient que billevesées pour effrayer les gens naïfs. La sorcellerie dont on accusait les gens relevaient souvent de la science, ou de l’hérésie. Alban ne croirait au Diable que s’il le voyait de ses yeux.
Il fut surpris quand il vit Manon se jeter sur lui. Il ne comprit pas trop pourquoi elle avait fait cela, étant donné qu’il n’avait rien vu, ni entendu. Sa tête heurta le sol sans trop de violence, heureusement pour lui, mais il savait déjà qu’il aurait une belle bosse pendant quelques jours. Il râla en se relevant.*

- Mais qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes folle ? Pourquoi…

*Il releva les yeux et haussa un sourcil en voyant un trou dans un des tonneaux qui se trouvait juste derrière eux. Il crut un moment qu’on leur avait tiré dessus, mais pas la moindre odeur de poudre. Il prit le bras de Manon et l’emmena dans une ruelle adjacente, là où ils étaient hors de vue, et sortit le pistolet qu’il cachait sous ses vêtements, en vérifiant qu’une balle s’y trouvait bien, en cas de riposte. Son visage était maintenant grave. Il jeta un coup d’œil à la rue. Personne de visible. Le coupable s’était sans doute enfui, mais il fallait être prudent. Il ne regarda pas Manon, mais c’était bien à elle qu’il parlait.*

- Vous savez qui a fait ça ?

*Alban resta sérieux, cherchant à recréer les événements dans sa tête. Tout avait été si soudain qu’il n’était même pas sûr de pouvoir réussir à tout se rappeler. Mais une chose pour lui était certaine : il était passé très près de la mort, et serait déjà enterré si Manon n’avait pas été là. Mais la menace n’était pas claire du tout. Cela n’avait rien à voir avec un boulet de canon ou une simple balle de pistolet. Les dégâts étaient beaucoup plus importants.
Il esquissa un sourire à sa réponse, mais plus nerveux qu’autre chose. Les mots de Manon semblaient ridicules. Magie Noire ? Et puis quoi encore ? Les fées et les gnomes, pendant qu’on y était ? Il se contenta de hocher la tête tout en s’assurant qu’il pourrait riposter en cas d’une nouvelle attaque.*

- Je reconnais que je vous dois sûrement la vie, et je vous en remercie Mademoiselle. Je vais cependant être clair : je ne crois pas du tout à la Magie. J’enquête sur des meurtres et des abominations dus à des méthodes barbares, certes, mais pour la plupart dérivés des sciences et de méthodes réfléchies et calculées. La Magie Noire est irréelle et n’existe pas. Ici, c’est une affaire humaine. Pas de place pour l’imaginaire.

*Il se redressa et allait empêcher Manon de se remontrer dans la rue, mais elle fut plus rapide. Il était néanmoins près à tirer si l’occasion lui était donnée de le faire. Les mots de la jeune fille luis semblaient de plus en plus bizarre. Il était maintenant certain qu’elle en savait plus qu’elle ne voulait bien le lui dire.
Il ne souriait plus et n’avait plus rien d’amical. Il attendit que Manon soit assez près pour calmement pointer son arme vers elle.*

- Vous semblez en savoir beaucoup, même si vos paroles n’ont aucun sens logique. Je veux bien croire qu’on a voulu me tuer, mais ce sont les risques de mon métier. Et j’en conclus donc que je ne dois pas être bien loin de quelque chose d’important dans cette rue. Alors voici ce que je vous propose. Soit vous me dites ce que vous savez dans les moindres détails, soit je vous emmène directement dans un endroit où des gens ne seront pas aussi compréhensifs que moi pour en savoir plus.

*Il savait au fond de lui qu’il lui devait la vie, mais d’autres gens comptaient sur lui pour que toutes ces affaires soient bouclées au plus vite.*

*Jamais Alban ne s’était retrouvé dans une situation comme celle-là. Il fallait dire qu’il avait été une sorte de bureaucrate avant de se retrouver pris dans le tourbillon de ces enquêtes. L’action, ce n’était pas trop sa tasse de thé. C’était même la première fois qu’il pointait son arme sur quelqu’un, et d’aussi près. Cependant, il conservait son sang froid. Il ne voulait pas créer un accident, en laissant un coup partir tout seul.
C’était aussi la première fois qu’il se trouvait devant un acte qui relevait du paranormal. C’était si incroyable que le temps semblait s’être arrêté. Pourtant, il voyait bien ce que Manon faisait, mais il n’arrivait pas à l’expliquer. Il ne savait même pas s’il devait s’en effrayer ou s’en émerveiller. Cela était si improbable pour le petit policier si terre à terre qu’il était.
Il finit néanmoins par baisser son arme, mais il resta sérieux. Son visage ne montrait pas de réelle émotion envers Manon. Ce n’était pas le genre de « magie » pour laquelle on lui avait demandé de venir ici.*

- Je suis un homme de parole… Il me semble que je vous ai donné une certaine sécurité. Mais…

*Il fallait tout de même qu’il réfléchisse à tout cela. C’était si soudain…*

- Pour le moment, vous n’avez l’air de ne rien avoir à faire avec mon enquête. Aussi, je vais mentir sur ce qui s’est passé… seulement je vous préviens : si jamais le moindre soupçon se porte sur vous, je ne pourrai plus vous protéger.

*Qu'est-ce qu'Alban allait bien pouvoir inventer pour son rapport ? Il allait devoir s'y prendre avec des pincettes. Il fallait qu'il omette cette attaque paranormale -il s'était à plusieurs reprises pincé le bras pour être sûr qu'il ne rêvait pas- ainsi que la rencontre avec Manon. Foutue manie de tenir parole... Mais elle n'avait vraiment rien à voir avec ces trafics de boissons douteuses. Manon, une empoisonneuse ? Non, cela ne rimait pas du tout.
Il rangea son arme en évitant de la regarder. Sa main en tremblait encore. Il se sentait même honteux d'avoir eut un tel geste envers elle.*

- Vous n'avez pas à me remercier. Je fais ce qui me semble juste, c'est tout.

*Il releva les yeux vers elle à ses paroles. Elle était naïve. Parfois, la justice était plus qu'aveugle... Un simple contact avec un coupable et vous étiez arrêté pour complicité, et aussitôt condamné. Et ça s'appelait la justice.
Il soupira légèrement et la regarda droit dans les yeux.*

- Méfiez-vous tout de même... Le simple fait d'habiter ici est un danger. Pas besoin d'être une empoisonneuse pour être arrêté. Entrave à une enquête... Ce ne sont pas les excuses qui manquent...

*Un grand coeur... Alban aurait bien voulu que cela suffise pour vivre. Hélas, cela n'était pas la seule chose dont on avait besoin. Ce n'était pas un grand coeur qui travaillait, interrogeait les gens, classait les papiers. Non, il n'y avait que lui et sa tête pour ne pas tomber dans les chausses trappes que le destin présentait devant lui.
Il était à peu près sûr que ce qui venait de lui arrivé n'allait pas le laisser en paix. Ca non. Il avait vu une chose qu'il n'oublierait pas de sitôt. Il en avait encore les cheveux dressés sur la tête. Il sentait que sans Manon, on l'aurait retrouvé en pièces détachées... si on l'avait retrouvé seulement !
Restait le cas de Manon. Elle savait des choses dangereuses, elle savait faire des choses dangereuses, il le sentait. Pourtant elle lui avait sauvé la vie, et elle ne donnait pas l'impression d'être impliquée dans une malversation quelconque. Alban avait l'habitude de suivre son instinct. Mais pour une fois, il espérait réellement ne pas se tromper.*

- Tout ce que je vous conseille, c'est de faire attention à vous. Mais si jamais vous aviez un ennui, venez me prévenir à l'hôtel de police. Je ferai ce que je peux pour vous aider.

*Il lui sourit légèrement, cherchant encore à se convaincre qu'il était dans le monde réel, puis il fit non de la tête.*

- Je n'ai plus de questions... Je dois aller écrire mon... rapport.

*Mais il se promit de revenir. Avec des renforts cette fois. Quand il aurait les preuves matérielles pour faire une perquisition dans le quartier.*

*Alban ne savait pas trop quoi penser de la jeune Manon. Elle semblait en savoir beaucoup... mais il savait qu'avec cela, elle courait un grand risque. Maintenant, ce qu'il fallait, c'était vite terminer son enquête de ce côté là pour éviter tout désagrément à la jeune... sorcière, oui il ne fallait pas se leurrer. La Reynie l'avait prévenu : il y a des affaires plus difficiles que d'autres. D'autant plus quand on commence à s'attacher à une des personnes concernées. Mais Alban devait rester concentré.
Il regarda Manon et hocha la tête à sa première remarque.*

- Je comprends... Et cela ne me dérange pas. Je me sens même idiot de ne pas vous l'avoir proposé. Mieux vaut ne pas vous attirer des ennuis.

*Il lui adressa un sourire, et ne put même pas se retenir de rire quand elle lui proposa son aide.*

- Ne vous donnez pas cette peine, je connais mon métier, et je ne veux pas vous ennuyer. D'habitude, les gens essaient d'éviter les rapports.

» Joyeux anniv Manon !